Alors que Marseille avait grandement besoin de la vista de Payet, son meneur de jeu et joueur le plus dangereux de la première demi-heure au Stade Vélodrome, le destin a rattrapé le Réunionnais de 35 ans, qui semble condamné avec son club aux désillusions européennes. On se souvient des larmes de Payet, sorti - déjà - sur blessure en finale de l'Europa League 2018 contre l'Atlético Madrid, un coup dur qui avait précipité la chute des Marseillais (3-0). Cette fois, le milieu offensif a retenu ses larmes, mais n'a pas caché un sourire en coin lorsqu'il s'est blessé tout seul à la jambe droite sur une longue passe vers l'avant (30e).
Il est resté au sol et est sorti en boitant. A ce moment-là, il savait probablement que ce revers allait gâcher la fin de saison de l'OM, engagé sur deux tableaux : la conférence de la Ligue Europa, désormais perdue, et la lutte pour la deuxième place en Ligue 1, synonyme de ticket pour la prochaine Ligue des champions. Résultat, l'OM a sombré sans l'étincelle Payet dans un Vélodrome bouillant, privé d'une partie de ses supporters pour cause de fermeture disciplinaire du virage nord.
Mercredi, l'entraîneur néerlandais Arne Slot a plaisanté sur le fait que la meilleure position de Payet était "sur le banc", afin qu'il ne puisse pas martyriser les défenseurs adverses. Le joueur réunionnais a été trop vite sur le banc et n'a passé qu'une demi-heure sur la pelouse. Ce temps a tout de même été suffisant pour que les deux plus grosses occasions marseillaises de la première mi-temps se concrétisent : une frappe bloquée en bonne position (10e) et une frappe du gauche en pivot qui a manqué le cadre (21e). Et comme si la magie de 2018 retombait sur les Olympiens, leur jeu a été brisé par l'absence de leur leader, malgré l'entrée en jeu de Milik.
L'avant-centre polonais ne vit sans doute pas la meilleure période de sa carrière et reste trop souvent sur le banc à son goût, au point de critiquer en février les choix de son entraîneur Jorge Sampaoli, qu'il ne "comprend pas". L'entraîneur argentin estime que Milik devrait davantage se concentrer sur le jeu que sur le but, comme en témoigne l'heure qu'il a passée sur la pelouse jeudi : séparé de ses coéquipiers, il a attendu en vain un centre dans la surface de réparation. Ses premières récupérations de balle étaient timides, à l'image de ses deux coups de tête (33e, 45e+2), facilement interceptés par le gardien.
Difficile à trouver pour ses coéquipiers, il n'a pas eu la main heureuse sur les prises de balle, comme sur ce ballon qu'il a laissé tomber en bonne position dans la surface de réparation (63e), ou sur cette accélération beaucoup trop lente (68e). Au coup de sifflet final, alors que les joueurs de Feyenoord s'effondraient de bonheur sur la pelouse, Milik était debout sur la pelouse, les bras sur les hanches, l'air impuissant. Et Dimitri Payet a vécu tout cela sur le banc, loin du cœur du jeu où il manquait tant.