Il n'est pas le plus rapide des wide receivers, ni le plus fort (1,88 m, 94 kg), mais avec son sourire d'ange et sa barbe blonde fournie, il a été le plus redoutable de tous cette saison. Il lui a fallu toute la volonté du monde pour conserver le ballon lancé à 85 secondes de la fin par son quarterback Matthew Stafford, malgré un gros plaquage d'Eli Apple, son homologue des Bengals, et offrir à son équipe un deuxième titre de champion au terme d'un match haletant où, comme tous ses coéquipiers, il a connu les montagnes russes.
Sous les yeux de toute sa famille, puisque la finale s'est déroulée au SoFi Stadium, la patrie des Rams, il a vécu l'extase d'un succès rare à 28 ans, après avoir touché le fond trois ans plus tôt lorsqu'une grave blessure au genou l'avait empêché de participer à la finale contre New England. "Rater le Super Bowl est l'une des choses les plus difficiles que j'ai jamais vécues", a-t-il déclaré cette semaine, se jurant de "profiter pleinement de chaque moment".
Une saison exceptionnelle
Il s'y est tenu et a contribué à ce que son équipe prenne l'avantage dans le deuxième quart-temps en marquant le premier de deux touchdowns, eux-mêmes trouvés par Stafford (13-3), avec qui il a noué un lien quasi télépathique tout au long de la saison. "Notre alchimie repose sur le fait que nous passons beaucoup de temps ensemble, nous adorons ça. Nous avons une telle passion pour le jeu...", a expliqué Kupp après coup. Mais avec la blessure au genou gauche d'Odell Beckham Jr, l'autre receveur qui a marqué le premier touchdown des Rams et qui a bien secoué la défense des Bengals, c'est un gros coup au moral qui a frappé Los Angeles. Kupp et Stafford ont peu à peu disparu lorsque Joe Burrow a sonné l'heure du retour.
Jusqu'à ce que leurs défenseurs prennent eux-mêmes le problème en main et infligent sept sacks au QB du côté opposé. C'est d'ailleurs ce qui a permis aux Rams de renverser la vapeur après avoir été menés 20-16, avec Kupp comme exécutant dans les dernières secondes. Il a ainsi conclu une saison régulière déjà exceptionnelle avec 1 947 yards (145 passes attrapées), le deuxième total le plus élevé de tous les temps en un an.
"Ne jamais douter"
Il a en outre réussi une rare "triple couronne" (leader en nombre de yards parcourus, de passes attrapées et de touchdowns réussis). Seuls trois joueurs y sont parvenus depuis 1970. En toute logique, il a été élu MVP du 56e Super Bowl, ce qui fait de lui le huitième receveur à être récompensé lors d'une finale qui récompense généralement les quarterbacks. Cerise sur le gâteau, Kupp rejoint dans l'histoire le légendaire Joe Montana, qui cumule ce trophée et le titre de meilleur joueur offensif en une saison.
Une belle récompense pour un joueur soutenu par toute une famille dévouée au football américain. Son père et son grand-père ont joué dans la NFL et sa compagne a assuré ses revenus en travaillant seule pour qu'il puisse se concentrer sur sa saison universitaire. Alors que Kupp se morfondait à cause de son genou blessé, il a fait travailler son cerveau et a notamment adopté un concept tactique utilisé par les pilotes de chasse, appelé "boucle OODA" (observer, s'orienter, décider, agir). Lui qui n'avait "jamais douté" de revenir au sommet et "d'être meilleur qu'avant" a prouvé qu'il y parvenait avec brio.
"Avec de la persévérance, on est capable de se surpasser et de réaliser des performances de pointe".
Les Rams ramènent le Super Bowl à la maison :