Au début, lorsque les participants ont été interrogés sur la troisième coupe d'Europe, dont le nom de code est "C4", la petite sœur de la lucrative Ligue des champions (C1) et de la Ligue Europa (C3), peu d'entre eux connaissaient son véritable niveau - ou même son intérêt. "Je dois être honnête, je ne sais même pas en quoi consiste cette compétition", a déclaré l'entraîneur de Leicester Brendan Rodgers début décembre, avant d'être relégué de la C3 à la C4.
A Marseille, l'évocation de cette compétition exotique, qui a accueilli en phase de poules des équipes de Finlande, d'Arménie ou de Gibraltar, a suscité au mieux des commentaires polis. L'OM se sentait chez lui un étage plus haut, en Europa League. Mais comme il s'est retrouvé dans un groupe avec la Lazio, Galatasaray et le Lokomotiv Moscou, le club provençal n'a pas fait mieux que troisième et a donc dû faire connaissance avec la C4.
Mourinho, une collection à compléter
Créée 22 ans après la disparition de la Coupe (C2), la "petite" Coupe d'Europe a rapidement pris de l'ampleur au point d'attirer les demi-finalistes. "Maintenant que nous sommes dans cette compétition, nous voulons la gagner et nous allons tout donner pour y parvenir", s'est exclamé Rodgers. Jorge Sampaoli, l'entraîneur de Marseille, était lui aussi conscient que les supporters attendaient un trophée depuis dix ans et qu'il ne fallait pas prendre cette nouvelle compétition à la légère. "On ne choisit pas les compétitions que l'on veut gagner. Je dis que ce club, cette ville, ces gens doivent gagner quelque chose", a averti l'Argentin en décembre.
Au fil des tours et des succès, l'OM a montré que l'objectif était le titre le 25 mai à Tirana, pour entretenir sa légende d'être "les premiers pour toujours", comme ce fut le cas en 1993, lorsqu'il fut le premier club français à remporter la prestigieuse C1. José Mourinho sait comment gagner des titres : deux Ligues des champions (2004, 2010), deux Ligues européennes (2003, 2017). Et un trophée en tant qu'"assistant" au FC Barcelone en 1997, comme il l'a déclaré lors d'une conférence de presse. L'entraîneur portugais, qui entraîne désormais l'AS Rome, se verrait bien être le premier technicien à remporter ce nouveau trophée pour compléter sa collection. "J'aimerais bien gagner, oui, mais être le seul à le faire (gagner les quatre) n'est pas un objectif", a éludé Mourinho.
Sans la VAR, à bas prix ?
Reste un petit malentendu : l'absence de l'assistance vidéo à l'arbitrage (VAR) jusqu'en demi-finale a pu alimenter l'idée d'une Coupe d'Europe au rabais. Pour Rennes, l'élimination en huitièmes de finale contre Leicester (défaite 2-0 à l'aller en Angleterre, victoire 2-1 au retour à Rennes) a été une grande déception, associée à un sentiment d'injustice après une série de situations litigieuses à l'aller et au retour, où aucun contrôle vidéo n'a été effectué. L'entraîneur Bruno Genesio a déclaré le soir du match retour : "Il nous a manqué la VAR. Je pense que si on organise une compétition européenne, on doit l'organiser dans les mêmes conditions que les autres compétitions européennes, sinon ça n'a pas de sens".
La seule compétition continentale dans laquelle la VAR n'a pas encore été utilisée cette saison a toutefois comblé cette lacune : L'UEFA a introduit cette technologie dès le dernier tour et prévoit de l'utiliser plus tôt dans la compétition à partir de la saison prochaine. En attendant, il y a encore deux matches doubles cette semaine et la semaine prochaine (Feyenoord-Marseille, Leicester-AS Rome) pour décrocher un billet pour Tirana. "Nous jouons pour progresser. Ça n'a pas le prestige de la C1 ou de la C3, mais ça reste une coupe d'Europe et un trophée à gagner. Et nous allons tout faire pour gagner ce trophée", a conclu le gardien marseillais Steve Mandanda. Avec, au bout, pour le vainqueur, un ticket pour la C3.