Même dans de bonnes conditions avec un vol aménagé, le déplacement dans la capitale de l'Azerbaïdjan est un voyage, l'un des plus longs des compétitions européennes, plus long que ceux qui ont déjà conduit les Marseillais à Moscou ou Istanbul cette saison. Il intervient quelques jours seulement après une vilaine défaite à domicile contre Clermont (2-0) et moins de 72 heures avant un autre déplacement à Troyes, que l'OM a tout juste réussi à faire décaler de 13 heures à 17 heures dimanche. Ce match, qualificatif pour les huitièmes de finale de C4, intervient également dans une période compliquée en termes de résultats, avec trois défaites sur les six derniers matchs, et à un moment où certaines tensions apparaissent dans le groupe.
La bataille d'explication entre l'avant-centre Arkadiusz Milik et son entraîneur Jorge Sampaoli trahit un malentendu et, dimanche, après la gifle de Clermont-Ferrand, le capitaine Dimitri Payet a évoqué "des têtes qu'il faut dégonfler". Bref, le contexte n'est pas très porteur pour affronter Qarabag, certes largement battu 3-1 au Vélodrome à l'aller, mais qui y avait laissé une bonne impression. Sampaoli a même jugé que l'OM avait été "dépassé" dans le jeu.
Gagner quelque chose
Pourtant, depuis leur match retour, les Marseillais assurent qu'ils sont très intéressés par la C4, la toute nouvelle compétition européenne lancée cette saison. Surtout quand on a le pedigree d'un club qui a remporté la Ligue des champions (C1) en 1993 et qui a été triple finaliste de la Coupe de l'UEFA et de son successeur, l'Europa League (C3), en 1999, 2004 et 2018. "Avec notre histoire, nous avons l'obligation d'être toujours compétitifs, surtout avec l'histoire d'amour entre l'OM et les compétitions européennes", avait par exemple déclaré Pablo Longoria lors du tirage au sort des play-offs. Le défenseur Alvaro, qui pourrait retrouver une place de titulaire dans le cadre d'une éventuelle grande rotation, a lui aussi parlé d'un "objectif clair".
"C'est dur d'être éliminé de l'Europa League. Mais si nous arrivons en demi-finale ou en finale de la C4, nous verrons les choses différemment. Il y a de bonnes équipes et tu joues pour un titre. C'est notre mentalité", assurait l'Espagnol en décembre. Sampaoli est du même avis : "Ce club, cette ville, ces gens doivent gagner quelque chose". Au-delà de ces considérations, un bon résultat dans cette C4, qui ressemble à un lot de consolation, apporterait quelques avantages au club marseillais.
Les finances doivent être soignées
D'un point de vue économique, la Ligue Europa est évidemment beaucoup moins lucrative que la Ligue des champions. Cependant, elle n'est pas à négliger pour un club aux finances fragiles. Pour la Ligue Europa, l'OM a déjà reçu un peu plus de cinq millions d'euros, sans compter les parts variables. Un titre en C4 rapporterait au club 9 millions d'euros supplémentaires, une demi-finale 4 millions d'euros. D'une manière probablement moins tangible, la C4 peut aussi aider Marseille à consolider un statut européen objectivement modeste via le coefficient UEFA. C'est ce rang européen qui a valu aux Provençaux des tirages au sort compliqués cette saison en Europa League (Lazio, Galatasaray, Lokomotiv Moscou) et l'an dernier en Ligue des champions (Manchester City, Porto, Olympiakos).
L'OM était alors dans le chapeau 4 et était cette année en C3 dans le pot 3, tout près du PSV Eindhoven, dernier du chapeau 2. Au début de la saison, Marseille était 57e au classement UEFA. Il a déjà progressé jusqu'à la 45e place et pourrait grimper encore plus haut. S'ils sont éliminés jeudi lors du barrage, les Marseillais n'ajouteront que 2,5 points à leur total actuel (34,000). Mais ensuite, chaque victoire vaudra deux points et chaque match nul un point. La cagnotte pourrait également s'accroître d'un point de bonus pour les demi-finalistes et les finalistes. Cela permet de justifier de longs voyages et d'entretenir la dynamique d'une équipe rattrapée par le doute.