Huit mois après son départ de Champagne, où il avait fait son devoir, Guion, 54 ans, a donc retrouvé un banc. Cela aurait pu se faire plus tôt, et déjà à Bordeaux, qui l'avait mis sur la sellette cet été. Mais le président Gérard Lopez, pour lancer son projet de reprise d'un club à l'avenir longtemps incertain, avait succombé à la vague Vladimir Petkovic, le hit de l'Euro avec l'équipe de Suisse, qui avait battu les Français en huitièmes de finale. Une mauvaise prise. Le technicien bosnien, qui ne s'était plus entraîné en club depuis huit ans et ne maîtrisait pas le français à son arrivée, n'a jamais vraiment pris la Ligue 1 en main. Il a laissé passer les nombreuses péripéties, toujours contradictoires, sans jamais trouver de réponse à la lente descente aux enfers des Girondins, équipe la plus perméable d'Europe avec 61 buts encaissés et lanterne rouge à 14 journées de la fin.
Personne ne sait aujourd'hui si, avec Guion, la mayonnaise aurait pris en début de saison. Mais il est certain que sa connaissance de la ligue et son savoir-faire, qui lui ont permis d'obtenir un maintien confortable avec des moyens limités lors des trois dernières saisons à Reims, auraient aidé le patient bordelais. Après le licenciement de Petkovic et de son adjoint Antonio Manicone le 7 février, au lendemain de la défaite subie à... Reims (5-0), Lopez et son directeur technique Admar Lopes ont mis quelques jours à trouver le technicien adéquat.
Des bâtisseurs, prudents et rigoureux
Au total, si l'on en croit les rumeurs, une bonne douzaine de profils ont été examinés, dont trois ont finalement passé le "cut" : David Bettoni, 50 ans, qui voulait devenir le numéro 1 et sortir de l'ombre de Zinedine Zidane, avec qui il a remporté trois Ligues des champions au Real Madrid ; le jeune Portugais Joao Sacramento, 33 ans, qui fut l'adjoint de Christophe Galtier à Lille sous la houlette de Gérard Lopez, puis de son compatriote José Mourinho à Tottenham et à la Roma ; et enfin Guion, que Saint-Étienne voulait aussi attirer en décembre, avant de lui préférer Pascal Dupraz. Des trois, Guion répondait à toutes les exigences des dirigeants bordelais. L'ancien défenseur (près de 400 matchs professionnels) a commencé sa carrière au niveau amateur sur le banc et a d'emblée brillé à Chambéry (N3), où il a atteint les quarts de finale de la Coupe de France en 2011, éliminant au passage trois clubs de l'élite (Monaco, Brest et Sochaux), avant de se faire un nom à Reims.
Directeur du centre de formation, il a gravi les échelons, a été champion de Ligue 2 en 2018 et s'est qualifié pour la Coupe d'Europe avec les Reimsois en 2020, 57 ans après Albert Batteux. Les bases de son succès ? La stabilité défensive et la solidité, parfois au détriment d'un jeu flamboyant, ainsi que la proximité avec ses joueurs, à qui il peut confier des responsabilités. Il les connaît peu - hormis Rémi Oudin à Reims et Josuha Guilavogui à Saint-Étienne - et a trois mois pour les sortir de la zone rouge.