Derniers avec douze points à la trêve, les Verts ont engrangé vingt points sous la houlette de l'entraîneur Pascal Dupraz, qui a succédé à Claude Puel, limogé le 5 décembre après une défaite à domicile contre Rennes (5-0), mais ce sursaut et la place de barragiste acquise lors de la dernière journée n'ont pas suffi. Et après un match nul frustrant à Auxerre jeudi (1-1), le barrage retour de dimanche au stade Geoffroy-Guichard est allé jusqu'aux tirs au but, les deux équipes s'étant à nouveau neutralisées sur le même score après le temps réglementaire et les prolongations. La séance de tirs au but, remportée 5-4 par les Bourguignons, condamne les Verts à retrouver la L2 qu'ils avaient quittée avec soulagement en 2004.
De retour à l'étage inférieur, l'ASSE doit repenser son modèle économique et social tout en gérant la méfiance alimentée par les supporters ultra, dont l'indiscipline a été sanctionnée à plusieurs reprises par des matchs à huis clos ou partiels. L'inondation de la pelouse dimanche soir après le dernier tir réussi des Auxerrois et l'allumage de fumigènes à l'horizontale sur les bancs de touche alors que les acteurs du match se précipitaient dans les vestiaires ont une nouvelle fois illustré les tensions entre le club et une partie de ses supporters.
Vague de licenciements
Avec un budget d'environ 70 millions d'euros cette saison, Saint-Etienne est un colosse de la Ligue 2 qui descend, et avec lui 360 salariés, dont la grande majorité est en CDI à temps plein ou partiel. Cela signifie que le train de vie devra être réduit au moins de moitié : 100 à 150 licenciements sont attendus pour le personnel non sportif. Dans le secteur sportif, une vingtaine de joueurs (y compris la réserve) seront libres au 30 juin, y compris les meilleurs salaires. Les contrats renégociés ces derniers mois contiennent une clause de relégation qui entraîne une réduction de salaire de 50 %. Cependant, il faudra reconstruire une équipe de Ligue 2 en remplaçant les départs et en recrutant un nouvel entraîneur, car le départ de Pascal Dupraz, qui a échoué dans sa mission de sauvetage, est attendu.
Outre les coûts, notamment salariaux, les recettes vont également baisser de 50 à 60 % : moins de recettes télévisuelles, moins de spectateurs, moins de merchandising, moins de recettes d'hospitalité, etc. L'aide financière à la relégation n'amortira que partiellement le choc, tout comme l'argent attendu de CVC, le nouvel actionnaire de la filiale commerciale du football français, avec un montant inférieur à celui que le club aurait reçu en cas de maintien (16,5 millions d'euros pour un relégué contre 33 millions d'euros en L1). L'ASSE, qui se trouve déjà dans une situation financière précaire, sera encore plus fragilisée.
Chaos
Un chaos dont les deux actionnaires Bernard Caïazzo et Roland Romeyer sont en grande partie responsables. Pourtant, ils ne semblent pas pressés de céder leurs parts, alors que le club devrait être mis en vente en 2018, puis à nouveau en 2021. Récemment, un milliardaire américain, David Blitzer, se serait mis sur les rangs pour racheter le club, alors que tous les candidats précédents ont été refusés, même les plus sérieux. Les deux hommes qui dirigent le club depuis 2004, année de la remontée dans l'élite (2003 pour Caïazzo, qui réside désormais à Dubaï et n'est plus venu à Saint-Étienne depuis deux ans), sont des partenaires contre-nature et n'ont jamais posé les bases d'une structure stable. En dix-huit ans, six directeurs généraux et onze entraîneurs se sont succédé, malgré la victoire de la Coupe de la Ligue en 2013 et quatre participations à la Ligue Europa (2014, 2015, 2016, 2017).
La réalité est sans doute que Saint-Étienne aurait pu être relégué en Ligue 2 bien avant cette saison. Le club s'était sauvé de justesse en 2009 et 2010 (17e), mais aussi en mars 2020 : 17e, alors que le championnat avait été arrêté à dix journées de la fin en raison de la pandémie de Covid. Les perspectives pour la division inférieure seront encore plus difficiles, car la saison prochaine, il n'y aura que deux promotions de la L2 vers la L1.