Nacer Bouhanni (31 ans) est rentré chez lui mercredi avec une simple fracture d'une vertèbre. Un bilan presque miraculeux. Le sprinteur français de l'équipe Arkéa-Samsic avait été victime d'une terrible chute lundi lors de la 2e étape du Tour de Turquie. L'homme des Vosges a percuté à pleine vitesse deux piétons qui n'avaient rien à faire là et dont il n'a remarqué la présence qu'au tout dernier moment. Il a prié pour que la collision inévitable ne se transforme pas en tragédie. "J'ai heurté les gens avec la tête. Je me souviens d'avoir baissé la tête pour me protéger et d'avoir eu l'impression de me heurter à un mur. Je n'ai pas eu le temps de mettre la main sur le frein, c'est arrivé en une fraction de seconde", s'est souvenu Bouhanni jeudi dans L'Equipe, ne cachant pas qu'il craignait pour sa vie. "J'ai eu l'impression que ma tête ne pouvait plus suivre. J'ai pensé au pire", avoue le coureur vosgien, qui n'en est pas à sa première chute. C'est cependant la première fois qu'il se dit que c'est peut-être la chute de trop. A tel point qu'il réfléchit - plus sérieusement que jamais cette fois - au fait qu'il serait peut-être préférable pour lui de prendre sa retraite.
"J'ai déjà dit que j'arrêtais là...".
"Au bout d'un moment, on se dit qu'on n'est pas Superman. Il suffit de m'observer à ce moment-là pour s'en rendre compte. J'ai dit à mon manager et à mon directeur sportif : "Pourquoi cela m'arrive-t-il encore ? J'avais déjà subi une commotion cérébrale au début de l'année. J'ai aussi dit que je ne voulais plus entendre parler de ce vélo pourri et que je mettais un terme à ma carrière ici", avoue le coureur, qui n'est pas fâché par le manque de sérieux des organisateurs et qui garde également un très mauvais souvenir de la manière dont il a été traité après sa chute. "Ils m'ont jeté dans l'ambulance comme un animal. Pendant le trajet, j'ai été secoué de partout. Ils m'ont demandé de bouger la tête de droite à gauche, alors que je ne pouvais pas le faire. Ils n'avaient aucune idée de la gravité de la situation. À l'hôpital, le cauchemar a continué. J'ai passé sept heures en waders dans un couloir en attendant une chambre, avec de l'eau qui dégoulinait du plafond. Il n'y avait pas de toilettes et j'étais obligée de faire pipi dans une bouteille en plastique (...) Les médecins turcs m'ont fait passer un scanner. Ils m'ont dit que c'était très grave et que je risquais d'être paralysée. J'étais dévastée". En plus des nuits blanches, Nacer Bouhanni doit maintenant faire face à une longue convalescence qui ne le verra peut-être plus jamais dans le peloton.