France Télévisions a subi un nouveau revers dans l'affaire de harcèlement et de sexisme dénoncée par Clémentine Sarlat dans une interview au journal L'Equipe. Ces propos avaient donné lieu à une enquête interne, qui avait elle-même entraîné le licenciement du rédacteur en chef Jean-François Laville et des journalistes Alain Vernon et Pierre-Etienne Édouard.
Et si l'on en croit le journaliste de Stade 2, Thierry Valdery, également délégué syndical, France Télévisions a en effet été condamnée aux prud'hommes pour licenciement sans cause réelle et sérieuse dans l'un des trois cas. Une nouvelle défaite sur le terrain juridique pour le groupe dirigé par Delphine Ernotte, qui s'était retrouvé en première ligne après les dénonciations de Clémentine Sarlat.
Au printemps dernier, les prud'hommes avaient déjà condamné France TV à livrer l'intégralité des témoignages qui avaient servi de base au licenciement de Jean-François Laville. Après un premier refus, le groupe de télévision publique avait révélé 55 des 107 témoignages, dont quatre concernaient l'ancien rédacteur en chef. Après avoir fait appel de la décision des Prud'hommes, France TV a renoncé, alors que le procès devait se tenir début novembre, et ce malgré le risque de pénalités de retard.
Nous n'avons pas été licenciés pour harcèlement sexuel.
" Jean-François Laville avait assuré à l'automne sur le plateau de TPMP qu'il n'avait pas été licencié pour harcèlement sexuel, " que ce soit clair, parce qu'on fait facilement des amalgames et on tombe très vite dans ce piège ", en expliquant les deux faits qui fondent ce harcèlement : " un employeur RTT " qui lui a été imposé un jour de 2018, et le fait de devoir travailler un samedi, " le jour des 90 ans de sa grand-mère ". "C'est le harcèlement dont on m'accuse, c'est ça ! C'est pour ça qu'on me jette dans le désert après 22 ans au service des sports, où j'ai encouragé les femmes", avait-il déclaré, très affecté.
"Mais quand le féminisme se radicalise, ça fait des ravages et ça s'appelle 'Jean-François Laville viré'", avait-il renchéri, assurant qu'il n'avait jamais tenu les propos qu'on lui attribuait, du genre "tu es jolie, mais tu n'as pas inventé le beurre". Alain Vernon n'était pas moins amer. "Il avait regretté, à l'occasion de la sortie de son livre "Le service des porcs" sur CNews, d'avoir servi de bouc émissaire. Il avait parlé d'une décision "honteuse" et d'une démarche "scandaleuse" et "inacceptable".
"Clémentine Sarlat est une jeune femme pressée et très ambitieuse", écrit-il dans son livre, regrettant "sa culture qui se limite au rugby" ainsi que "sa froideur". Evoquant son "sourire apprécié", Alain Vernon évoque également un traitement de faveur à France Télévisions, entre "une augmentation de salaire comme Gérard Holtz n'en a jamais connu", "plusieurs jours de télétravail" et "un bureau proche de la rédaction en chef". Et l'ancien reporter de Stade 2 d'en rajouter sur "des reportages qui n'étaient pas assez bons pour être diffusés" ou d'expliquer que "90% des journalistes étaient contre son retour".