Une mauvaise défense au pied, suivie d'une pénalité infligée par Cengiz Ünder. "C'est aussi la beauté de ce poste, on n'a pas le droit à l'erreur", a déclaré Costil après le match contre l'OM. Quel gardien de but n'a jamais fait d'erreur ? Aucun, affirmera cette confrérie très particulière, solidaire dans l'adversité et qui paie immédiatement la moindre boulette. Malheureusement, cette erreur a déterminé le résultat d'un match qui a mis fin à 44 ans d'invincibilité à domicile face au rival historique phocéen. Un revers qui nourrit une crise sportive (17e de L1) et interne, avec des joueurs mis à l'écart et une volonté des dirigeants de se séparer du capitaine Laurent Koscielny et de son gros salaire en milieu de saison. Nous avons déjà connu une atmosphère plus paisible.
À 34 ans et avec 383 matches de L1 au compteur, Costil a déjà connu de mauvaises périodes et essuyé de nombreuses tempêtes. "Toute ma carrière, je l'ai construite dans la difficulté, elle sera comme ça jusqu'au bout", a rappelé le gardien international après l'OM, présent aux derniers rassemblements des Bleus malgré la perméabilité de son équipe (44 buts encaissés en 20 journées). "Benoît, je l'ai bien trouvé cette semaine, c'est un leader, un homme important pour l'équipe", a souligné vendredi son entraîneur Vladimir Petkovic. "J'ai entendu son interview après Marseille, je lui ai dit qu'il ne devait pas prendre toute la responsabilité pour lui-même. C'est la responsabilité de tout le groupe, qui doit s'améliorer".
"Il a une grande carrière derrière lui, il sait se remettre en question", a renchéri le milieu de terrain Rémi Oudin. Si ça se trouve, ce sera la seule de sa saison, elle fait mal, mais ce n'est pas ça qui va l'arrêter". Dans l'art du rebond, Costil a souvent donné en Gironde. S'effacer derrière l'icône Cédric Carrasso et se faire accepter par des supporters qui étaient loin de l'accueillir à bras ouverts n'a pas été facile pour lui. Tout comme il a su garder son calme lorsqu'il a vu arriver et partir, depuis 2017, cinq présidents, quatre propriétaires, une douzaine d'entraîneurs et au moins cinq entraîneurs de gardiens aux méthodes différentes et parfois sans alchimie. Le nom de l'ancien international Grégory Coupet, en charge des gardiens à Dijon, circule pour intégrer le staff de Petkovic. Si les Girondins n'ont pas été relégués la saison dernière, ils le doivent avant tout à leur gardien, auteur de 11 "clean sheets" sur la seule première partie de saison - aucun cette saison - et de performances remarquables.
Cette saison, il a également réalisé d'autres performances, comme fin septembre contre... Rennes (1-1), son ancien club, contre lequel il avait certes encaissé un but, mais dont il avait aussi éclipsé les attaquants. "Costil a réalisé plusieurs arrêts de grande classe et a aidé son équipe à rester dans le match", résume l'entraîneur breton Bruno Genesio. Le club breton alignera dans les buts soit le Turc Dogan Alemdar, 19 ans, qui a fait ses débuts en L1 le week-end dernier à Lens (0-1), soit le vétéran Romain Salin, qui s'est remis d'une blessure au mollet. Costil a promis : "Ce club (Bordeaux) aura besoin de moi jusqu'à la fin de la saison. Je vais me battre et être important pour l'équipe et le club".