Amina Lanaya, directrice générale de l'Union cycliste internationale, a jeté un pavé dans la mare la semaine dernière dans une interview accordée au journal Ouest-France. La Française a voulu démontrer la détermination de l'UCI dans la lutte contre le dopage en expliquant qu'elle comptait recourir à des méthodes habituellement utilisées par la police.
"Je suis peut-être extrême dans ma façon de penser, mais je pense qu'il faut infiltrer. Je dois infiltrer le peloton, je dois infiltrer certaines équipes, je dois payer des informateurs", a-t-elle déclaré. Ces déclarations ont fait réagir Gianni Bugno, le président de la CPA, le principal syndicat des coureurs professionnels. "De telles déclarations de la part de la fédération internationale ne sont pas agréables. Elles mettent un sérieux point d'interrogation derrière tout le système", a-t-il déclaré à la Gazzetta dello Sport.
On parle de sport, pas de crime
Il semblait que le problème du dopage allait être résolu, mais si l'on envisage de telles actions, cela signifie que l'on n'en est pas convaincu", a déclaré l'ancien champion du monde. Une personne ne peut pas dire tout ce qu'elle veut, il y a des choses qui doivent être convenues entre les parties. De plus, de telles déclarations ne sont pas agréables pour les équipes, et peut-être pouvons-nous demander des éclaircissements à ce sujet. J'aimerais aussi comprendre si les choses rapportées sont à prendre au pied de la lettre ou s'il y a peut-être eu des malentendus, car nous parlons ici de sport et non de crime".
Alors que certains coureurs craignent de plus en plus un retour en arrière, le numéro 2 de l'UCI estime de son côté que les méthodes habituellement utilisées ne peuvent pas suffire. "Le testing n'est plus pour moi la source principale dans la lutte contre le dopage. L'intelligence et les enquêtes le sont. Nous avons besoin d'informations en provenance du peloton. Nous avons besoin de la radio du peloton", a-t-elle expliqué. Nous devons changer de méthode, nous rapprocher des forces de l'ordre. Et faire confiance à ces personnes qui pourraient parler et donner des informations". Reste cependant à savoir si l'UCI a les moyens de ses ambitions. " Est-ce que c'est juridiquement possible ? Cela reste à voir, mais c'est le seul moyen ", s'interroge la Dijonnaise, avant d'ajouter : " La police est capable d'infiltrer. Mais qu'en est-il de nous ? Ce n'est pas parce que nous ne l'avons jamais fait que nous ne devons pas le faire. Nous devons nous poser ce genre de questions".