La perquisition de l'hôtel de l'équipe Bahrain Victorious à Pau, le soir de la 17e étape, par les gendarmes de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP) avait fait grand bruit. Aucune substance dopante n'a toutefois été retrouvée. Les enquêteurs ont toutefois été surpris de découvrir une boîte de tizanidine dans la pharmacie de l'équipe bahreïnie.
Le produit a ensuite été retrouvé dans les analyses de trois coureurs qui ont participé au Tour de France. Pascal Kintz, le toxicologue en charge de l'analyse des échantillons, refuse toutefois de confirmer que les coureurs concernés appartiennent à l'équipe Bahrain Victorious : "Il y a des échantillons qui ont été prélevés par une équipe. Les gens en ont déduit qu'il s'agissait de telle ou telle équipe, mais je n'ai jamais dit de qui il s'agissait", a-t-il déclaré au journal sportif français L'Equipe.
La présence de tizanidine, qui n'est pas disponible en France dans les pharmacies mais uniquement dans les hôpitaux disposant d'une autorisation temporaire d'utilisation (ATU), suscite des interrogations car il s'agit d'une substance habituellement prescrite aux patients atteints de sclérose en plaques. Ce myorelaxant sert à détendre les muscles et donc à réduire les douleurs musculaires. Le médecin de l'équipe cycliste AG2R Citroën, Eric Bouvat, a expliqué : "Les myorelaxants puissants sont utilisés quand on a des tensions importantes pour lesquelles les antalgiques ne suffisent pas, par exemple après une grosse chute. On ne le trouve donc pas dans notre propre pharmacopée, mais c'est un produit relaxant qu'on peut imaginer utiliser dans certains cas. Il n'y en a plus beaucoup en France, car leur utilisation doit être parcimonieuse et justifiée. Tu ne l'utilises quand même pas tous les deux jours".
On est en droit de se poser quelques questions
L'Agence mondiale antidopage (AMA) a en tout cas décidé de se pencher sur la question. Elle veut en effet étudier les effets de la tizanidine afin de déterminer si des mesures d'interdiction doivent être envisagées. "On peut légitimement se poser la question de son utilisation à des fins de dopage", a déclaré Olivier Rabin, directeur scientifique de l'institut. Un effet sur un muscle normal semble peu convaincant".
"Nous regardons les dossiers de pharmacosécurité des molécules pour lesquelles les doses sont plus élevées, pour lesquelles les effets secondaires sont aggravés, parce que nous avons vu parfois que les effets secondaires d'un médicament pouvaient être recherchés à des fins de dopage. Et cela nous permet de réfléchir en profondeur à une substance", a expliqué le scientifique, ajoutant : "Très honnêtement, même si parfois des substances nous sautent aux yeux, nous les enfermons très vite. Dans le cas de la tizanidine, nous avons le droit de nous poser quelques questions.