L'esport a, en quelques années, réussi à devenir un des sports les plus populaires et regardé du monde. Le phénomène ne semble pas prêt de s'arrêter, au contraire. Suivant l'exemple des Japonais, mais surtout des Sud-Coréens, inventeurs de ces compétitions 2.0, les compétitions d'esport poussent comme des champignons dans le monde entier. Avec cette expansion, l'esport se transforme pour mieux s'adapter au public visé.
Ainsi, en Europe et aux États-Unis, lieux où les jeux de sports sont particulièrement populaires, des compétitions de basket ou de football sont nées. Le vieux continent est bien entendu plus friand de football, et c'est donc tout naturellement que c'est ce sport qui s'est développé le plus rapidement dans le monde de la compétition vidéoludique. Aujourd'hui, les clubs investissent massivement dans ce nouvel eldorado économique.
Pourtant, le football ne risque-t-il pas d'être noyé sous la tonne de jeux et autres phénomènes qui envahissent le monde à un rythme régulier ? Comment combattre des jeux comme Fortnite qui attire un public mondial et des compétitions toujours plus regardées ? L'aura des clubs professionnels suffira-t-elle à développer des championnats virtuels aussi suivis que les originaux ? Tentons de comprendre pourquoi le raz-de-marée de l'esport football n'a pas eu lieu en Europe.
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Il n’ y a pas que le football qui s’intéresse à l’esport. Avec une plus grande immersion, les sports automobiles partent avec un avantage dans la course entre outsiders.
Des clubs engagés depuis plusieurs années
Les plus grands clubs se sont ainsi rapidement positionnés sur ce nouveau marché. Le FC Barcelone a ainsi créé son équipe sous l'impulsion de Gérard Piqué, joueur de l'équipe première. Mais la liste est longue : l'Olympique Lyonnais, Monaco, le LOSC, le PSG et L'OM pour ne citer que les plus connus en France. Marseille s'est associé avec l'équipe esport d'Antoine Griezmann, tandis que Lyon possède une équipe officielle en Chine.
On voit donc que les clubs mettent les bouchées doubles pour investir dans un marché qui ne cesse de croître. Pourtant, les compétitions ne sont pas encore en tête d'affiche sur la scène esport. Le sport le plus populaire du monde l'est, certes, dans la réalité, mais le monde vidéoludique est réellement à part.
L’esport, une institution déjà bien installée
Si les clubs ont cru révolutionné l'esport en s'engageant dans des compétitions virtuelles, c'est bien car ils ont mésestimé la puissance culturelle et économique de ce domaine. Car, il faut être honnête, malgré les sommes astronomiques que le football engrange, les compétitions d'esport football ne peuvent rivaliser avec les géants de la discipline. Une sacrée épine dans le pied pour un milieu qui croyait déjà rouler sur ses concurrents vidéoludiques, bien épaulés par EA Sports et la FIFA. Dans le top 5 des compétitions esport les plus suivies, aucun jeu de football que ce soit FIFA ou PES, n'est présent.
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Le jeu Fortnite doit une grande partie de son succès à sa compatibilité avec un format compétitif.
League of Legend ou Counter-Strike trustent les deux premières places pour une raison simple. Ce sont deux jeux qui n'imitent en rien un sport réel d'abord, ancrant d'autant plus leurs performances dans le monde du jeu vidéo. Mais, aussi, ils profitent d'une histoire très importante avec la communauté des gamers. Un match de League Of Legend est une exclusivité esport tandis que pour un jeu de foot, on ne peut s'empêcher de comparer le spectacle avec une rencontre sur une véritable pelouse. Cela rend le spectacle tout simplement moins spectaculaire par nature.
Un espoir grandissant ?
Malgré ce constat de fait, les clubs n'ont aucun intérêt à se désengager du milieu de l'esport. Le marché est en pleine croissance, y compris le domaine des jeux de sports. La popularité des jeux de football aidant, la niche que représente encore la diffusion des compétitions d'esport football commence à s'effriter, trustant quelques chaînes de télévision.
Mais surtout, comme pour les mastodontes de ce milieu, c'est avec le temps que les clubs pourront créer une communauté solide et adepte des matchs de football virtuels. À la manière d'un Counter Strike ou d'un Fortnite, il faut créer des codes spécifiques au jeu en question.
Avec une puissance économique immense et une exposition toujours plus forte de leur sport, les clubs de football professionnel vont peu à peu grandir dans le milieu de l'esport. Loin de pouvoir ramener le public habitué à l'esport vers la scène football, ils vont devoir créer un public en rapport avec le sport. Si les joueurs de FIFA ne regardent que très peu l'esport, cela peut changer. N'oublions pas après tout que c'est un public de plus en plus large qui assiste aux compétitions virtuelles.
Et, plus l'audimat sera varié, plus le monde de l'esport football gagnera des spectateurs.