Dmitri Rybolovlev, actionnaire principal et président de l'ASM, est officiellement établi dans la Principauté depuis plus de dix ans. Propriétaire de deux jets privés, il voyage cependant à travers le monde, tant pour ses affaires que pour ses loisirs. Sa dernière apparition publique a eu lieu le 23 février à Antigua, dans les Caraïbes, où son bateau, le monocoque ClubSwan 125 Skorpios, a remporté le RORC Caribbean 600 dans sa catégorie. Rybolovlev était à bord, loin du football, loin de la Russie.
Le milliardaire n'y était pas retourné depuis longtemps. "Depuis quelques années", dit-on dans son entourage. Certainement au moins depuis le début de la pandémie de Covid. Officiellement, il a quitté la Russie en 2010, après avoir été contraint de vendre ses parts d'Uralkali, le géant mondial de la potasse, à des proches de Vladimir Poutine, dont il était l'actionnaire majoritaire.
Peintures, île et chalet
Rybolovlev vit loin de la Russie et son ex-femme et ses enfants s'étaient déjà installés en Suisse au milieu des années 1990. Ses parents vivent eux aussi aujourd'hui en Europe. Le milliardaire a fait de Monaco sa base. Rigmora Holdings Limited, la structure qui gère ses intérêts, a été enregistrée à Chypre en août 2011, mais une grande partie de ses bureaux se trouvent dans la Principauté. Le reste se trouve en Suisse, à Chypre et en Grèce. Depuis 2010, ce collectionneur de chefs-d'œuvre, qui possède un chalet à Gstaad, l'île grecque de Skorpio et des propriétés de luxe aux États-Unis, a toujours essayé de se tenir à l'écart des hauts représentants du gouvernement russe.
Cela ne signifie pas pour autant qu'il n'a pas été inquiété ou que sa fortune, estimée à plus de six milliards d'euros, ne fascine pas. Son nom figure ainsi sur le "Putin Accountability Act", un projet de loi du Congrès américain qui répertorie les citoyens russes dont les avoirs pourraient être gelés. Dans le cadre d'un conflit avec le marchand d'art suisse Yves Bouvier, qui lui aurait revendu des tableaux avec une marge exorbitante, le milliardaire a également des problèmes avec la justice monégasque, qui l'a mis en examen pour "corruption active", "trafic d'influence" et "prise illégale d'intérêts". Il lui est reproché d'avoir profité de ses bonnes relations avec des responsables de la Principauté.
Rybolovlev, qui a longtemps espéré obtenir la nationalité monégasque, se contente donc d'un passeport chypriote. Mais alors que les sanctions pleuvent sur le sport russe, le club monégasque, où évolue le milieu de terrain Alexandre Golovine, l'un des piliers de l'équipe nationale russe, ne devrait pas être dans le collimateur.
La loge du prince
Interrogée par l'AFP, la Ligue de football professionnel (LFP) a indiqué qu'aucune mesure de sanction individuelle n'était envisagée à l'encontre des joueurs russes ou biélorusses évoluant en L1 ou L2, ni à l'encontre de l'AS Monaco, tout en précisant qu'elle s'alignerait sur les éventuelles décisions des fédérations nationales. "Il n'y a aucun problème à se rendre à Monaco et à y jouer. Autant il faut soutenir les Ukrainiens et notamment les joueurs et entraîneurs de football, autant on ne peut pas en vouloir à quelqu'un qui a la nationalité russe", a pour sa part déclaré lundi Christophe Galtier, l'entraîneur du club niçois.
Outre Rybolovlev, un autre homme d'affaires russe est impliqué dans le sport monégasque. Il s'agit d'Alexeï Fedoricsev, patron de Fedcom et nouveau président du club de basket de la Principauté, engagé dans l'Euroligue. Il possède également la nationalité hongroise. Ancien sponsor du club de football, il avait tenté fin 2002 de devenir le premier actionnaire du club et de succéder à Jean-Louis Campora, ce que ce dernier avait approuvé. Malgré les difficultés financières du club, le prince Rainier avait mis son veto, préférant une solution monégasque.
Rybolovlev et Fedoricsev ne sont pas concernés par les sanctions de l'Union européenne. D'ailleurs, le prince Albert était présent avec ses enfants lors de la dernière victoire de Monaco en basket-ball contre Fenerbahçe. Fedoricsev était à ses côtés, tout comme l'Ukrainien Sergei Dyadechko, le vice-président du club. Le prince était également présent à Louis-II dimanche, lors de la défaite de l'ASM contre Reims. Au début du match, il y avait dans sa loge Oleg Petrov, le vice-président russe du club, ainsi que la fille de Rybolovlev, Ekatarina Rybolovleva, et son mari, l'Uruguayen Juan Sartori, tous trois membres du comité directeur du club.
Monaco - Clément déjà sous surveillance ?