Un statut particulier
La manière dont Taïwan est représentée aux Jeux olympiques a beaucoup évolué au fil des années en raison de son statut international particulier. Bien que cette île de 23 millions d'habitants soit gouvernée démocratiquement, possède ses propres frontières et sa propre monnaie, il n'existe pas de consensus sur le statut de Taïwan. Taïwan et le continent sont gouvernés séparément depuis la prise de pouvoir communiste à Pékin en 1949 et la fuite du gouvernement nationaliste vers Taïwan. Le régime communiste chinois considère l'île comme l'une de ses provinces, dont il doit reprendre possession par la force si nécessaire.
Pékin accuse la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen de chercher à obtenir l'indépendance formelle de l'île - un casus belli pour les dirigeants communistes. Tsai refuse en effet de reconnaître le principe de la Chine unique (One china policy), selon lequel l'île et le continent doivent faire partie d'un seul et même pays. Seuls une quinzaine d'États dans le monde reconnaissent le gouvernement de Taïwan au détriment de Pékin.
"Taipei chinois"
L'utilisation du nom "Taipei chinois" par le comité olympique local repose sur un compromis conclu en 1981 avec le Comité international olympique (CIO), qui devait permettre à Taïwan de concourir au niveau international sans se présenter comme une nation souveraine. Au lieu du drapeau rouge et bleu de Taïwan, les athlètes taïwanais doivent concourir sous la "bannière de la fleur de prunier", un drapeau blanc qui porte les anneaux olympiques.
L'hymne national du territoire ne retentit pas, les athlètes récupèrent leurs médailles au son d'un chant traditionnel accompagnant la levée du drapeau. Les opposants à ce compromis considèrent cette désignation comme humiliante et font remarquer que d'autres lieux contestés ou non reconnus, comme la Palestine, peuvent utiliser leur propre nom et leur propre drapeau lors des Jeux olympiques.
Une identité distincte
De plus en plus de voix s'élèvent pour autoriser l'utilisation de l'appellation Taïwan, bien que les gouvernements taïwanais précédents s'y soient opposés. Depuis les années 1990, l'île est passée d'une dictature à l'une des démocraties les plus avancées d'Asie. Une identité taïwanaise propre s'est développée, surtout parmi la jeune génération. Un référendum --perdu-- sur le changement de nom "Taipei chinois" a été organisé en 2018, ce qui a entraîné des mises en garde du CIO et de Pékin. La présidente actuelle, Tsai Ing-wen, considère Taïwan comme une nation souveraine et fait pression pour que "Taïwan" soit davantage utilisé.
Comment les Jeux vont-ils évoluer ?
Une petite délégation de quatre sportifs taïwanais participera aux Jeux olympiques de 2022, organisés cette année par Pékin, à un moment où les relations entre Taïwan et la Chine sont au plus bas depuis des années. Lors d'une conférence de presse la semaine dernière, un porte-parole chinois a fait référence au territoire sous le nom de "Zhongguo Taipei", littéralement "Chine, Taipei". Ce minuscule écart sémantique a fortement irrité le Conseil économique taïwanais, principal organe décisionnel de l'île en matière de politique chinoise, qui a exhorté le continent à "ne pas rabaisser (leur) camp".