Moutet : "J'aurais préféré jouer toute la nuit".

Moutet : "J'aurais préféré jouer toute la nuit".

Battu sèchement (6-3, 6-1, 6-4) mercredi en night session par son idole Rafael Nadal, qu'il rêvait de défier un jour, Corentin Moutet était forcément déçu après coup, sans forcément avoir de regrets, même s'il avait eu le troisième set en main avant d'être renversé par le Majorquin. Le Francfortois, éjecté du tournoi après 2h12 de jeu, aurait tout de même aimé que le match dure plus longtemps pour prolonger le plaisir.

Corentin Moutet, comment s'est déroulée cette première pour vous contre Rafael Nadal ?
C'était intense, j'ai eu des moments où j'ai pu jouer d'égal à égal, mais tout au long du match, c'était difficile de maintenir le niveau. (Il souffle) Vraiment. L'intensité et rester toujours agressif... Sa balle est hyper rapide et il demande beaucoup, donc c'était compliqué. C'était un match très physique. Pas très long, mais très physique.

Avez-vous réussi à mettre de côté le fait qu'en face, c'était votre idole ?
J'ai essayé de jouer pour gagner, comme à chaque fois que je joue. J'ai essayé de me battre avec mes armes et d'exploiter ses failles, même si elles sont peu nombreuses, et de tout faire pour gagner. Mais cela n'a pas suffi.

Avez-vous pris du plaisir malgré cette défaite finalement assez sévère ?
Honnêtement, j'apprécie chaque match, surtout à Roland-Garros. Il y a toujours beaucoup de spectateurs. J'ai la chance de pouvoir jouer sur des courts aussi grands. En plus, c'est une rencontre de nuit. Je pense qu'il n'y a pas de meilleures conditions pour prendre du plaisir. J'en ai beaucoup profité. Quand on perd, on est déçu. J'ai quand même fait un bon match, mais j'aurais pu faire mieux, il y a beaucoup de choses à travailler parce que j'ai perdu assez sec.

"Je n'aurais jamais pensé que je jouerais un jour contre lui à Roland-Garros".

Cette défaite sèche fait-elle mal ?
Ça fait mal, non. Je vais m'en remettre. Je vais récupérer et reprendre l'entraînement comme d'habitude. Mais cela montre ce que je dois encore travailler et le chemin qu'il me reste à parcourir : J'ai encore beaucoup à faire, à tous les niveaux. Il y a eu des moments où j'ai pu rivaliser avec lui. Maintenant, il faut réussir à tenir sur la durée et réussir à le faire toute l'année et pendant un match entier. Cela me donne beaucoup d'informations. J'aurais pu faire beaucoup de choses mieux, mais j'ai profité pleinement de mon jeu et je n'ai pas de regrets.

Vous aviez l'air de tenir beaucoup à cette première confrontation...
C'était un objectif de jouer contre lui avant qu'il ne mette fin à sa carrière et que je ne mette fin à la mienne, et de surcroît à Roland-Garros. Toutes les conditions dont je rêvais lorsque j'ai commencé le tennis étaient réunies. Je n'aurais jamais imaginé qu'il serait un jour possible de jouer contre lui à Roland-Garros. Quand on joue contre un mur dans sa chambre, on ne peut pas imaginer qu'un jour on le sera à la télévision. Si jamais on prend du recul et que je mets la défaite de côté, c'est franchement incroyable pour moi d'en être là aujourd'hui et de vivre ça.

Certains points assez incroyables ont fait vibrer le stade...
Oui, il y avait une bonne ambiance, ils ont été super gentils avec moi, ils m'ont poussé et porté. Ce sera un moment unique qui m'appartiendra et que je garderai à jamais dans ma tête.

"Ne vous inquiétez pas pour lui".

Avez-vous surtout des regrets pour le troisième set, où vous le breakez dès le début et le breakez à nouveau un peu plus tard à 5-3 ?
Je le breake et je prends l'avantage 2-0. À 30-15, j'ai une bonne chance de le breaker, mais le chemin est long : chaque point est un combat. J'aurais juste aimé passer plus de temps. C'était un tel plaisir que j'aurais voulu jouer contre lui toute la nuit sur le court. C'est de là que vient ma déception : que cela ait été assez rapide.

Qu'est-ce qui est le plus difficile dans un match contre Nadal ?
Il est super fort, il a une balle qui gicle beaucoup, qui rebondit super haut. C'est impressionnant de voir comment il se libère toujours des échanges en défense. Il joue beaucoup de balles de plus que les autres joueurs, c'est ce qui est impressionnant, mais c'est aussi ce qui est compliqué. Cela rend le jeu vraiment très intense et physique.

Depuis la défaite à Rome, le flou règne sur son état de santé...
(Il s'interrompt) Ne vous inquiétez pas : il est là, il a fait 21 Grands Chelems, il va bien. Est-ce qu'il s'est senti mieux après dans sa carrière ? Probablement pas. Lui seul peut le savoir. En tout cas, il est là, il est présent, il est toujours Nadal. Et il n'a plus besoin de faire ses preuves à Paris pour montrer qu'il est en forme.