Le marathonien éthiopien Feyisa Lilesa avait défrayé la chronique à Rio de Janeiro en terminant second de la course olympique en faisant le signe des poings liés pour protester contre le régime politique en place en Ethiopie qui réprime actuellement violemment des manifestations. Aux dernières nouvelles, il craindrait pour sa sécurité et ne rentrerait donc pas dans son pays.
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Ce dimanche, l’Éthiopien avait réussi à arracher la seconde place du marathon à Rio, mais sa médaille d'argent olympique n'est pas ce qui a le plus attiré l'attention du public. En effet, il avait franchi la ligne d'arrivée en croisant les bras au dessus de sa tête, qui semblaient ainsi être liés, en référence au geste utilisé en Ethiopie par les manifestants lors d'immenses mobilisations contre le gouvernement de ce grand pays d'Afrique de l'Est, réprimées dans la violence. Il avait par la suite reproduit ce geste en recevant sa médaille sur le podium ainsi que lors de la conférence de presse qui avait suivi. Il avait par ailleurs indiqué qu'il craignait pour sa sécurité au cas où il devrait retourner dans son pays. Le gouvernement éthiopien avait cependant tenu à rassurer tout le monde en dissipant ses craintes.
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En dépit des assurances fournies par le gouvernement, Feyisa Lilesa ne rentrera pas en Ethiopie. Il s'est ainsi exprimé sur sa situation et celle de son pays :
"plusieurs de mes proches sont en prison au pays. Si vous parlez de démocratie, ils vous tuent. Si je retourne en Ethiopie, peut-être qu'ils vont me tuer, ou me mettre en prison. C'est très dangereux dans mon pays. Peut-être que je devrais aller dans un autre. Je manifestais pour tous les gens qui ne sont pas libres, et je continuerai à dénoncer l'attitude du gouvernement à l'égard des Oromo" (son ethnie, ndlr).
L'Ethiopie est à l'heure actuelle en proie à d'importantes violences politiques et interethniques qui font suite à la plus importante contestation populaire depuis une dizaine d'années. Les deux ethnies Oromo (dont fait donc partie Feyisa Lilesa) et Amhara sont à la base du mouvement qui conteste la mainmise sur le pays de la part de la minorité des Tigréens, issus du Nord du pays, et qui contrôlent la plupart des postes clés du gouvernement et des services de sécurité. La répression a déjà fait des centaines de victimes depuis début novembre 2015.