Pour l'instant, Tuchel, le cadet de 48 ans, mène 1-0 sur la saison, avec le récent triomphe des Blues à la Coupe du monde des clubs, un honneur que Klopp, son aîné de 54 ans, n'avait connu qu'en 2019. Mais ils n'en resteront pas là, car tous deux sont encore engagés dans quatre autres compétitions, même si le titre national semble menacé pour Chelsea, qui compte 13 points de retard sur le leader Manchester City, malgré un match en moins. Dès dimanche, ils devront s'affronter dans une compétition monopolisée ces quatre dernières années par City, qui a chuté au huitième tour.
C'est un choc entre les deux entraîneurs allemands qui se sont imposés comme des références mondiales en conquérant l'Angleterre, souvent impitoyable avec ses techniciens. Tous deux ont joué à Mayence et à Dortmund, mais leurs parcours en Angleterre sont très différents et reflètent deux philosophies de club diamétralement opposées.
Klopp a ouvert la voie en reprenant les Reds fin 2015, encore traumatisés par la défaite dans la course au titre de 2014. Ses premières années ont longtemps eu le goût amer des défaites en finale : en 2016 en Coupe de la Ligue anglaise après les tirs au but contre City, la même année en Europa League et en 2018 en Ligue des Champions.
Liverpool façonné à l'image de Klopp
Mais il a bénéficié de la confiance et de la patience, rares à ce niveau, pour façonner le club à son image et l'amener sur le toit de l'Europe et du monde en 2019, avant de lui offrir en 2020 - graal ultime - son premier titre national depuis 30 ans. Un luxe que Tuchel savait ne pas pouvoir s'offrir à Chelsea, grand consommateur d'entraîneurs et où seule la victoire protège les entraîneurs - pour un temps.
Arrivé au tout début de l'année 2021, il a eu un impact spectaculaire en forçant une improbable qualification en C1 et surtout en étouffant Manchester City à Porto (1-0), les privant d'une Ligue des champions après laquelle ils courent toujours. La Supercoupe d'Europe et la Coupe du monde des clubs ont entre-temps rejoint l'armoire à trophées des Londoniens. Les deux entraîneurs savent toutefois à quel point une liste de succès reflétant le passé est fragile si les dirigeants et les supporters ne pensent presque immédiatement qu'au prochain triomphe.
"Nous savons tous que les gens sont très satisfaits en ce moment. Mais dans 20 ans, quand ils parleront de cette équipe (Liverpool), je ne serais pas surpris qu'ils disent que si nous ne gagnons plus rien, +oui, ils ont été bons, mais ils auraient dû gagner plus+", a déclaré Klopp en conférence de presse.
"Pas de sentiments" pour Tuchel
Klopp, qui n'a pas eu beaucoup de succès à Wembley, où il a perdu une finale de C1 et la Coupe de la Ligue avec Dortmund, devra se passer de Roberto Firmino (problèmes aux adducteurs) contre Chelsea, mais pourra peut-être compter sur Diogo Jota, qui s'est remis d'une blessure à la cheville. Tuchel devra trancher deux dilemmes aux deux extrémités du terrain.
Fera-t-il confiance à Kepa jusqu'au bout dans cette compétition ou alignera-t-il son "talisman" Edouard Mendy, avec lequel il est invaincu en finale ? "Kepa a été fantastique à l'époque où nous n'avions pas +Edou+ (pendant la Coupe d'Afrique des Nations). Mais je ne peux pas me permettre d'avoir des sentiments à ce sujet. Je dois faire ce qu'il y a de mieux pour l'équipe", a-t-il confié à la presse, semblant ainsi faire pencher la balance en faveur du Sénégalais.
Sa décision de faire jouer d'entrée Romelu Lukaku, qui était sur le banc mardi lors du match de C1 contre Lille, sera encore plus discutée. "C'est un joueur important, il y a beaucoup d'attention pour lui, mais si on prend du recul, on verra qu'il a commencé beaucoup de matches pour nous", a relativisé Tuchel, qui assure qu'il n'y a "pas de rancœur" entre les deux hommes et qu'ils ne peuvent "atteindre leurs objectifs qu'ensemble".