Thévenard : "Le sport peut aussi être bon pour la santé de la planète !"

Thévenard : "Le sport peut aussi être bon pour la santé de la planète !"

Triple vainqueur de l'Ultra-Trail du Mont-Blanc, amoureux immortel de la nature et sportif très engagé dans l'écologie : à 33 ans, Xavier Thévenard mérite d'être connu. Et pas seulement parce que ses sorties running dépassent parfois la centaine de kilomètres ou parce qu'il est capable de tout plaquer pour aller observer un lynx en montagne. Entretien avec le nouvel ambassadeur MAIF Sport Planète, qui se livre.

Xavier Thévenard (33 ans), qui a déjà remporté trois fois l'Ultra-Trail du Mont-Blanc, reprendra la compétition l'été prochain après avoir été un temps gêné par des problèmes respiratoires dus à sa maladie (la maladie de Lyme). Mais ce sportif engagé et amoureux fou de la nature se réjouit surtout de reprendre la course parce que cela lui procure du bonheur et lui permet de profiter des paysages. Car le Jurassien est ainsi : s'il aime l'ultra-trail et les grands espaces, c'est avant tout pour pouvoir faire corps avec le monde extérieur qui l'entoure. En tant qu'athlète engagé, il souhaite apporter sa contribution à un changement positif de la société. Une vision qui tient à cœur à la MAIF, une entreprise qui a pour mission de promouvoir un sport responsable et citoyen. Elle ne s'est pas trompée en faisant du Français Kylian Jornet son nouvel ambassadeur.

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Xavier Thévenard, vous êtes le nouvel ambassadeur de MAIF Sport Planète. Qu'est-ce que cela signifie pour vous ?
C'est un engagement fort de part et d'autre. L'initiative MAIF Sport Planète repose sur la conviction profonde que nous pouvons tous agir pour le bien commun. Nous menons ensemble des actions de sensibilisation sur le terrain qui soutiennent ces convictions communes. Le sport peut aussi être bénéfique pour la santé de notre planète. Nous sommes tous conscients des conséquences que le changement climatique et les défis qu'il pose à l'environnement peuvent avoir aujourd'hui et demain. Ce partenariat avec la MAIF est au top. Il est essentiel pour moi de choisir des partenaires qui souhaitent m'accompagner dans ma démarche environnementale active, qui va au-delà de la simple sensibilisation.

En quoi vous et la MAIF vous rejoignez vous le plus dans cet engagement ?
Tout simplement dans les actes. Dans ma vie personnelle, il est important pour moi de mettre en place des choses pour minimiser mon impact et émettre moins de gaz à effet de serre. Et la MAIF, à travers le programme MAIF Sport Planète, mène aujourd'hui tout au long de l'année une série d'actions qui permettent d'inciter le plus grand nombre à agir ensemble pour la préservation de la planète, comme par exemple des actions de plogging dans les écoles. C'est cette action qui donne encore plus de sens à notre partenariat et qui va au-delà de la prise de conscience que nous avons déjà.

Dans votre combat permanent pour l'environnement et sa protection, qu'est-ce qui vous tient le plus à cœur ?
L'environnement naturel est mon terrain de jeu, là où je me déplace chaque jour. Le changement de saison, par exemple, est époustouflant, magnifique, il me procure du bonheur et de la joie. Et je me dis que dans mes actions quotidiennes, je n'ai pas le droit de détériorer un environnement qui me rend heureux. J'aménage les choses de manière à ce que les personnes qui viennent derrière nous puissent à leur tour s'émerveiller de cet environnement naturel. La société actuelle incite malheureusement à se couper de cet environnement, et pourtant on ne peut pas vivre sans la nature. Nous devons nous efforcer de la préserver et d'être réfléchis et conscients dans nos actes quotidiens afin de ne pas perturber cet environnement fragile.

Vous avez la chance de pouvoir combiner cet environnement naturel et le sport dans votre activité. Est-ce cela qui vous a amené à pratiquer l'ultra-trail ?
Oui, complètement. La symbiose entre l'effort physique et la contemplation des beaux paysages, c'est quelque chose d'incroyable ! Et aussi cette notion d'aventure. Enfin, en course à pied, le déplacement est plutôt faible en termes de rythme, ce qui permet de prendre le temps de voir beaucoup de choses. En vélo par exemple, comme on va plus vite, on peut passer à côté de quelques belles choses à voir. Et puis, il y a la simplicité de la discipline. Il suffit d'une paire de baskets, d'un short et de la liberté que l'on a de courir des kilomètres dans des environnements magnifiques, c'est ce que j'aime le plus dans cette discipline !

Vous nous confirmez que vous serez de nouveau au départ de la prochaine édition de l'Ultra-Trail du Mont-Blanc, en 2022. Avec l'objectif de remporter la course pour la quatrième fois ?
Je vais tout faire pour être le plus performant possible sur cet UTMB 2022, et on verra le résultat à la fin. Après, je trouve un peu prétentieux de dire que je viens pour une quatrième victoire quand on parle d'ultra-trail. Et en ultra-trail, il y a tellement d'obstacles et d'impondérables qu'on ne sait jamais à quelle sauce on va être mangé ! C'est pourquoi cette discipline se démarque un peu des autres ... il n'y a pas forcément de vérité, si ce n'est que l'on s'entraîne pour arriver le mieux possible. C'est sûr, il ne faut pas lésiner sur les efforts (il rit). Je vais faire de mon mieux en gérant mon rythme et mon alimentation, et on verra bien ce que ça donne. En tout cas, j'ai hâte d'y être !

"Quand on me met en avant, c'est difficile pour moi".

L'année dernière, vous avez jeté l'éponge pendant le concours. Vous ne pouviez vraiment pas aller plus loin ?
Oui, c'était très compliqué. Dès le 30e kilomètre, je voyais bien que ça n'allait pas bien. J'ai quand même continué pendant 25 kilomètres, avec des difficultés, mais il n'était pas possible d'aller plus loin. D'abord parce que je n'avais plus de force, j'étais physiquement épuisé. Et aussi parce que je ne ressentais aucun plaisir. Et si vous ne ressentez pas le plaisir de l'effort en ultra-trail, cela ne vaut pas la peine de continuer.

Votre préparation n'était pas optimale dès le départ, il semblait donc difficile, pour ne pas dire impossible, de réaliser une bonne performance dans ces conditions ?
Ma préparation n'était certainement pas optimale. Je m'étais entraîné du mieux possible, mais je n'étais pas dans les meilleures conditions. Mais dans une course d'ultra, il y a tellement d'impondérables que même avec une très bonne préparation, on peut ne pas finir. Et à l'inverse, même avec une mauvaise préparation, on peut très bien réussir si on est dans un bon jour. Nous avons dû essayer, cela n'a pas fonctionné, mais nous allons réessayer.

Que signifie pour vous le fait d'avoir remporté trois fois l'Ultra-Trail du Mont-Blanc et de s'y être imposé dans les quatre courses individuelles ?
C'est un rêve ? Le massif et l'environnement autour du Mont-Blanc me font rêver, c'est clair (rires). La course à pied est un sport que j'aime depuis l'enfance. Qu'est-ce que ça me fait plus tard ? Elle m'a ouvert des portes et m'a permis de rencontrer des personnes formidables. Et j'aime particulièrement cet échange avec des personnes différentes.

Qu'est-ce qui est le plus difficile dans votre discipline ?
Le fait qu'au final, ce n'est pas grand-chose. Il faut tout combiner : être bien physiquement, être bien mentalement, être bien avec son équipe. C'est un équilibre qui n'est pas facile à trouver, et quand on y arrive, c'est génial ! Après, ce qui est peut-être le plus difficile pour moi, c'est la reconnaissance que l'on me donne. Je ne suis pas un solitaire, mais j'aime le calme et la sérénité. Je suis du genre plein air et nature, et quand trop de gens gravitent autour de moi, je ne me sens pas à l'aise. J'ai du mal à être le centre de l'attention. C'est donc peut-être le plus difficile... gagner un peu de notoriété en faisant quelques apparitions, ce qui n'est pas du tout naturel chez moi !

Vous menez depuis plusieurs années un combat contre la maladie de Lyme. Où en êtes-vous et avez-vous enfin trouvé un traitement qui vous permette de vous exprimer pleinement ?
Oui, j'ai rencontré un infectiologue très compétent dans la région de Bourg-en-Bresse, qui tient compte de la chronicité de la maladie. Il m'a bien sorti de l'ornière, car aujourd'hui je peux à nouveau m'entraîner correctement et faire de longues sorties. Il y a quelques jours, j'ai fait une sortie de 115 km en ski de fond. C'est bon signe. Je ne sais pas encore si je serai performant lors d'un ultra, car je ne l'ai pas encore testé, mais les sensations sont tout de même correctes. Le traitement antibiotique pour traiter la maladie a eu un effet positif, mais comme il tient compte de la chronicité, il a été un peu plus long que recommandé (21 jours de traitement). Aujourd'hui, je vois clairement une différence. Nous verrons comment cela évoluera. Je fais du ski de fond tous les week-ends pour perfectionner la caisse (sic) et je vois comment je réagis au fil des compétitions. Et quand il s'agira de rechausser les baskets, je verrai où j'en suis.

"Quelque part, l'ultra-trail est un acte révolutionnaire".

Vous devez voir une sacrée différence ?
Oh oui, c'est sûr ! Passer d'un stade où on ne peut plus courir à s'entraîner correctement, à refaire des kilomètres, à reprendre du plaisir... La base est déjà là, donc c'est déjà un beau pas que l'on a fait, et ça fait du bien au moral.

Aviez-vous peur de devoir tout abandonner ?
Ce que je craignais le plus, c'était de ne plus retrouver les sensations et la forme optimale pour prendre du plaisir et faire de longues sorties. Être performant est une chose, mais ce n'est pas le plus important. Je n'avais pas peur de ne plus être performant, mais plutôt de ne plus pouvoir prendre de plaisir à l'entraînement en raison d'une fatigue chronique. Cela me dérangeait clairement. Aujourd'hui, la base est de nouveau là. La performance est encore une autre chose, une autre étape à franchir. Mais la base est déjà là, et c'est le plus important.

Est-ce que c'est inné chez vous, quelque part, de courir de si longues distances ?
Oui, quand l'occasion se présente, que j'ai le temps, qu'il fait beau et que cela correspond à mon entraînement ? J'ai déjà couru deux ou trois fois 80 kilomètres pour rendre visite à mes beaux-parents. Je suis aussi allée voir mon partenaire à Zurich et j'ai parcouru 240 kilomètres en trois jours. Cela change des trajets habituels. Au moins, on n'est pas obligé de prendre la voiture et on voit un peu le pays, donc tout compte fait, c'est un plus (rires).

Peut-on dire que cela est dû à votre enfance ?
Oui, disons que j'aime le goût de l'aventure et de la découverte. En plus, cela me permet d'échapper à mes pensées, car je suis un peu philosophe (il rit). C'est ce qui me plaît dans la discipline et dans les sorties et l'entraînement : cette liberté. J'aime sortir du cadre structuré du sport que l'on apprend à l'école ou en club. L'ultra-running se démarque un peu de tout cela et ne correspond pas du tout à notre société actuelle, qui est à la recherche d'un minimum d'effort et de confort. Il est en totale contradiction avec cela. L'ultra est en quelque sorte un acte révolutionnaire !

Cela va jusqu'à dire que si vous rencontrez un lynx dans la nature, cela vaut toutes les victoires ?
Oui, c'est incroyable ! Cela fait battre le cœur plus fort parce que l'on est en train de vivre quelque chose de magique et que l'on doit réussir à profiter de l'instant. Ce sont des choses comme ça qui restent éternellement dans la tête. Ce sont des moments forts. Qu'est-ce qui est plus fort quand on rencontre un lynx ou qu'on gagne un UTMB ? Je ne sais pas. Ce sont deux choses différentes. Des choses dans la vie qu'il faut prendre en compte et apprécier.