John McEnroe, vous dites souvent qu'il est important d'apprendre aux jeunes à s'amuser...
C'est tout à fait vrai. Quand j'ai commencé, on arrivait de plus en plus tôt sur le circuit, alors qu'aujourd'hui, on peut commencer une vraie carrière à 25 ans. A 30 ans, on est toujours un joueur très actif. A mon époque, quand on voyait quelqu'un jouer à 30 ans, on se disait : "Tiens, il a réussi à arriver jusque-là". Aujourd'hui, c'est très différent. Aujourd'hui, on donne aux jeunes la possibilité de s'épanouir en tant que personne, tout en les préparant à devenir des professionnels du tennis. Quand on entraîne des jeunes qui sont prêts à devenir professionnels, on observe leurs qualités sur le court, on scanne leurs mouvements. Par exemple, j'observe le tennis depuis 50 ans et j'ai dû voir huit joueurs qui ont un jeu de jambes aussi bon que celui de Carlos Alcaraz. On regarde aussi s'ils ont l'âme, l'élan et le cœur pour aller sur le court.
La question de la force mentale est souvent posée ces derniers temps. Est-ce que c'est quelque chose dont vous parlez avec les jeunes ?
Oui. De plus en plus de jeunes traversent des crises liées à leur santé mentale, comme on a pu le voir l'année dernière avec Naomi Osaka. Cette année, j'ai entendu Simona Halep parler de ses crises de panique. Il est aussi arrivé que nous soyons confrontés à des situations compliquées. Lorsque j'étais numéro un chez les juniors et que je participais aux qualifications, j'étais livrée à moi-même ici à Paris, il n'y avait personne pour m'accompagner et m'aider à m'orienter par exemple. C'est le genre de soutien que le programme BNP Paribas Jeunes Talents essaie d'apporter aux enfants pour qu'ils se sentent encore plus heureux sur les courts de tennis.
"Je vois mon rôle comme celui d'un leader inspirant".
Comment voyez-vous votre rôle de sponsor de l'équipe BNP Paribas Jeunes Talents Mac1 ?
Je dois trouver un moyen d'être un leader inspirant qui inspire chaque joueur. Vous savez, c'est important de trouver un moyen de communiquer avec ces jeunes pour qu'ils ne me voient pas comme le vieil homme qui a joué avec une batte de bois ! Je veux partager avec eux ce désir de gagner, car c'est toujours ce qui me motive, et je veux qu'ils en soient convaincus. Je suis aussi entouré d'une équipe. Mon frère (Patrick McEnroe) est mon bras droit et une quarantaine d'autres personnes sont là pour m'enseigner les techniques et les mouvements importants sur le court de tennis. Les dix pour cent restants de mon temps, je m'occupe des jeunes. Je vois plutôt mon rôle comme celui d'un leader inspirant.
Vous observez le tennis depuis de nombreuses années. Selon vous, les règles doivent-elles être modifiées ? Patrick Mouratoglou peut imaginer plusieurs évolutions, par exemple des matchs à durée limitée...
Je ne sais pas grand-chose des idées de Patrick Mouratoglou pour changer les règles du tennis. D'un autre côté, je trouve intéressant qu'il ait essayé de faire quelque chose. L'attention du public diminue et nous devons pouvoir garder ce public avec nous. Pour moi, un match en deux sets et un tie-break de dix points en cas d'égalité, c'est très bien. On pourrait même supprimer la phase d'échauffement entre les deux joueurs, car je trouve cela pénible à regarder. Je pourrais même imaginer d'aller jusqu'à supprimer le "let" pour que le jeu soit le plus dynamique possible. Partout dans le monde, surtout aux États-Unis, les spectateurs sont moins attentifs, et ce n'est évidemment pas bon.