Au match aller, les Bavarois pouvaient s'estimer heureux de ne pas avoir encaissé deux ou trois buts, compte tenu de la supériorité et du nombre d'occasions manquées par l'équipe du taulier Unai Emery. "Si les choses avaient mal tourné, le score aurait pu être plus lourd", a reconnu Thomas Müller après le match. Le magazine de football allemand Kicker a mis en garde lundi dans une analyse détaillée des faiblesses actuelles du Rekordmeister : "Le rêve de la Coupe aux grandes oreilles risque de s'effondrer dès les quarts de finale".
Face au "sous-marin jaune", qui occupe actuellement la 7e place du championnat, le solide champion d'Allemagne a certes les moyens de passer. Mais il doit retrouver sa force offensive et son équilibre entre attaque et défense, mystérieusement perdus ces dernières semaines. Samedi, à domicile, contre Augsbourg, l'équipe a de nouveau livré une piètre prestation (1-0). Il a fallu un penalty de Robert Lewandowski à la 82e minute pour vaincre un adversaire qui lutte pour le maintien.
"Maison en feu"
"Il nous a manqué la volonté de courir, la vitesse du ballon, nous n'avons pas eu l'élan nécessaire", a reconnu l'entraîneur Julian Nagelsmann. Le jeune technicien, en manque d'explications, a remplacé l'analyse par l'incantation : "Ce n'était pas un match glamour, mais je m'en fiche complètement", a-t-il déclaré dans le feu de l'action. "Nous sommes dans une phase où il ne s'agit plus de briller, mais de gagner". Le problème "vient en premier lieu de notre approche mentale", estime Joshua Kimmich, le "guerrier" du milieu de terrain, qui faiblit lui aussi ces derniers temps, tout comme ses coéquipiers Leroy Sané, Serge Gnabry ou encore Thomas Müller.
Signe de la nervosité ambiante, les stars de l'équipe rivalisent depuis trois jours de déclarations martiales pour conjurer la peur de l'élimination : "La maison est en feu, nous allons livrer un match digne du Bayern", jure Leon Goretzka. "Nous serons de toute façon présents", a déclaré le capitaine Manuel Neuer, "nous sommes tous chauds et nous allons faire basculer le match". Ces interviews ne cachent pourtant pas l'une des grandes faiblesses du Bayern cette saison : l'absence de leaders sur le terrain, notamment derrière les pointes.
"Pas de chef"
"On a vu une fois de plus qu'ils n'ont pas de chef, et ce n'est pas la première fois cette saison", avait lancé Dietmar Hamann contre le Bayern lors de la première partie de saison. L'ancien joueur du Bayern, qui travaille désormais comme consultant, constate que dans ce rôle, le départ de David Alaba au Real cet été n'a pas été compensé. "Kicker" : "Lucas Hernandez est certes un défenseur agressif, mais il a besoin d'un joueur à ses côtés pour lui donner des instructions. Dayot Upamecano n'en est pas (encore) capable et Niklas Süle n'a pas cette personnalité", explique le magazine.
Face à Villarreal, qui n'a atteint qu'une seule fois le dernier carré de la Ligue des champions (en 2006, lorsqu'il avait été éliminé en demi-finale par Arsenal), les Allemands, qui ont remporté six titres européens, restent néanmoins favoris. Au tour précédent, face à Salzbourg, ils avaient déjà été bousculés à l'aller, en arrachant le match nul 1-1 dans les dernières secondes en Autriche. Ils ont ensuite remporté une victoire 7-1 à l'Allianz Arena. Feront-ils preuve de la même fierté contre Villarreal ? Peut-être... Mais une statistique peut les faire trembler : Depuis 2015, le Bayern a perdu cinq fois un match aller en Ligue des champions. Et à chaque fois, ils ont été éliminés.