Lorsque le groupe autrichien fondé par le milliardaire Dietrich Mateschitz s'est lancé dans la Formule 1, il lui a fallu cinq ans pour décrocher son premier titre de champion du monde (2010). Malgré les ambitions affichées au début de l'aventure, la Ligue des champions sera nettement plus difficile à conquérir. Le RB Salzbourg, fondé en 2005, domine le championnat autrichien, mais sert aussi de vivier de talents pour le vaisseau amiral de la flotte, le RB Leipzig, en Allemagne. Depuis 2015, une quinzaine de joueurs ont fait le voyage entre les deux clubs. La liste des prodiges formés dans la ville de Mozart, puis transférés ou non à Leipzig, est impressionnante : Sadio Mané, Naby Keita (Liverpool) et Erling Haaland (Dortmund) sont les plus connus. Les deux "RB" profitent également du réseau Red Bull avec ses franchises à New York, au Brésil et anciennement au Ghana (cette dernière a été dissoute en 2014), qui détectent les meilleurs talents de leur région, les forment et les font venir en Europe.
"L'égal du FC Bayern"
Lorsque Leipzig a accédé à la première division en 2016, les responsables avaient de très grands projets. L'objectif déclaré était alors de "devenir l'égal du FC Bayern en Allemagne, mais aussi en Europe". Après cinq ans dans l'élite, Red Bull a dû se rendre à l'évidence. Malgré l'immense succès sportif, rattraper le "Rekordmeister", qui a remporté les neuf derniers championnats et la Ligue des champions en 2020, est actuellement un défi inaccessible. "Ullrich Kroemer, journaliste indépendant et auteur de livres sur Red Bull et le football, analyse pour l'AFP : "La semaine dernière, Oliver Mintzlaff (le président de Leipzig) admettait encore que le Bayern avait +des années-lumière d'avance+".
"Jusqu'à aujourd'hui, Red Bull est satisfait d'avoir placé Leipzig sur le podium de la Bundesliga (quatre fois en cinq saisons, ndlr) et d'être en concurrence avec Dortmund pour le titre honorifique de deuxième meilleur club d'Allemagne", ajoute Kroemer. La demi-finale de la Ligue des champions 2020 (perdue contre le Paris SG) a été un coup d'éclat qui n'a pas eu de conséquences. En effet, malgré les ressources de Red Bull, Leipzig ne joue pas encore dans la même ligue financière que Munich : Fin 2020, le Bayern affichait un chiffre d'affaires annuel de 664 millions d'euros. Plus du double de Leipzig (325 millions).
Pillé par le Bayern
Conséquence : l'été dernier, le richissime Bayern a pillé le RB en retirant trois de ses meilleurs joueurs : l'entraîneur Julian Nagelsmann, le chef du milieu de terrain Marcel Sabitzer et le meilleur défenseur Dayot Upamecano. Bien sûr, "Mateschitz a l'argent", a déclaré Kroemer, "et il pourrait y mettre plus d'argent, mais il doit respecter les règles du fair-play financier européen. Ces ventes étaient déjà un aveu que Leipzig est encore loin du Bayern sur le plan financier et organisationnel". Face à cet ogre bavarois, à quoi peut s'attendre le "petit RB" de Salzbourg mercredi ? En 2018-2019, le champion d'Autriche était fier d'avoir contribué à éjecter le "grand frère" de Leipzig de la Ligue des champions en le battant deux fois de suite en phase de groupes (1-0 à domicile et 3-2 à Leipzig). Mais l'équipe de Julian Nagelsmann, qui a remporté 25 de ses 27 derniers matches dans la compétition reine (pour un match nul et une seule défaite), est d'un tout autre calibre. Le maillot avec les deux taureaux de "Red Bull" ne les impressionne pas : ils ont déjà battu Leipzig deux fois cette saison en championnat (4:1 à Leipzig, 3:2 à Munich).
Une première pour Salzbourg !