De longues jambes que l'on pourrait croire frêles et un visage doux où l'on peut encore lire des traits de l'enfance lui ont valu le surnom de "Bambi" de la part de ses coéquipiers. L'impression de légèreté qu'il donne au ballon n'a d'égale que son insouciance. Julian Nagelsmann, l'entraîneur du Rekordmeister, ne tarit pas d'éloges sur lui : "Il a un aimant dans les pieds, le ballon lui revient toujours, il est extraordinaire", s'enthousiasme-t-il : "On l'appelle +Bambi+, mais il a une bonne agressivité, il résout très bien les situations de pressing".
Lothar Matthäus, Ballon d'or 1990 et recordman des sélections en Allemagne (150), parle déjà d'un "nouveau Neymar". "Ces derniers temps, j'ai bien joué, mais je dois encore m'améliorer", répond simplement ce grand adolescent qui, en quelques mois, s'est hissé au niveau de ses prestigieux partenaires de club Thomas Müller, Kingsley Coman et Serge Gnabry. Né à Stuttgart d'une mère allemande d'origine polonaise et d'un père nigérian, avant de s'installer à Londres à l'âge de sept ans, il a grandi dans un XXIe siècle où le football ne connaît plus de frontières.
Formé à Chelsea
International à deux reprises, repéré et formé par Chelsea, il a été international anglais dans toutes les catégories de jeunes, des moins de 15 ans aux moins de 23 ans. Il a toutefois choisi l'Allemagne en 2021, ce qui lui a permis de faire partie de la sélection pour l'Euro l'été dernier. Il n'a joué que quelques minutes, mais le nouveau sélectionneur national, Hansi Flick, l'a appelé plusieurs fois depuis. Avant même son 18e anniversaire, Musiala avait déjà battu plusieurs records : plus jeune joueur et plus jeune buteur du FC Bayern en Bundesliga et en Ligue des champions, plus jeune international de l'après-guerre.
Bien qu'il ait continué à progresser sous la direction de Nagelsmann, c'est Flick que Musiala considérait comme son "mentor". Il a fait ses débuts chez les professionnels du FC Bayern à l'âge de 17 ans. Son premier poste était celui de défenseur, un ailier mince qui se faisait plus remarquer par ses dribbles sauvages que par son sens du sacrifice en défense. Récemment, Nagelsmann l'a testé comme milieu de terrain en raison de l'absence de joueurs clés. Avec succès. Flick a repris l'idée en équipe nationale en mars contre les Pays-Bas (1-1).
"Trop ludique"
"Tout le monde a vu ses qualités", s'est enthousiasmé l'entraîneur, "il s'impose physiquement, prend les espaces, est très bon en un contre un, a une grande vitesse de dribble et surtout son travail défensif était extraordinaire". "J'essaie de mieux utiliser mon corps. En tant que numéro 6, je dois jouer un peu plus intelligemment, avec plus de discipline", analyse le jeune homme lui-même. En l'espace de quelques semaines, "Bambi" s'est donc forgé une réputation de joueur polyvalent au milieu de terrain, capable d'être aussi bien récupérateur que "piston" ou meneur de jeu. Lorsque Thomas Müller est absent au Bayern, Nagelsmann le choisit comme "faux neuf" pour entrer en contact avec Lewandowski.
L'entraîneur du Bayern tempère en disant que le jeune homme est "encore un peu trop joueur (...) et qu'il a besoin de mûrir". Mais contre Villarreal, il a laissé entendre que Musiala pourrait débuter le match ou alterner avec son aîné Leon Goretzka, qui vient de reprendre samedi après quatre mois d'absence pour cause de blessure. "Il n'y a aucune garantie qu'il soit titulaire, mais Leon ne peut pas jouer tous les trois jours", a déclaré Nagelsmann, "c'est pourquoi je suis content d'avoir (Jamal) en option et de pouvoir changer si nécessaire".