Le scénario de ce duel semble être fixé à l'avance, ce qui se traduit par une statistique simple : la possession de balle. Toutes compétitions confondues, la possession de Manchester City est en moyenne de 67% cette saison, alors qu'elle n'est que de 48% pour les Colchoneros et même de 41% dans les matchs européens. Le match aller à l'Etihad risque donc d'être un très long exercice d'attaque et de défense, les deux entraîneurs ne pouvant pas changer leurs principes de jeu.
La rencontre entre le jeu de passes de Guardiola et le bloc compact de Simeone, qui profite de chaque occasion de contre-attaque, mettra l'eau à la bouche de tous les amateurs de tactique, même si les esthètes seront forcément du côté du premier nommé. Guardiola rejette toutefois fermement ce manichéisme. "Je ne perdrai pas une seule seconde dans ces débats idiots (...) Je ne juge jamais ce que fait l'adversaire. Ce qu'ils font (c'est leur affaire), nous faisons ce que nous devons faire pour gagner", a-t-il déclaré mardi lors de la conférence de presse d'avant-match.
L'avertissement de 2016
Étrangement, il n'y a pas beaucoup de précédents entre ces deux entraîneurs expérimentés, mais ils constituent un avertissement pour City. En tant qu'entraîneur du Barça, le Catalan a remporté leur première confrontation en 2012 en Liga espagnole (2-1), alors que l'Argentin venait de prendre les rênes des Rojiblancos deux mois plus tôt. Pendant son passage au Bayern Munich, Guardiola a toutefois été éliminé en 2016 par l'Atlético en demi-finale de la Ligue des champions sur un but marqué à l'extérieur (1-0, 1-2), le match retour illustrant jusqu'à l'absurde que ce n'est pas toujours la meilleure équipe qui gagne.
En dominant les trois quarts de la double confrontation, en ayant 68% de possession de balle au match retour et en tirant 34 fois au but, alors que l'Atlético n'en a marqué que 7, Munich avait marqué. "Je suis incapable de faire en sorte que mes équipes le fassent. Incapables de le faire. Mais je les admire. Cette capacité à résister. A un moment donné, tu penses toujours que l'abeille va piquer", avait récemment témoigné Guardiola dans un documentaire sur Diego Simeone diffusé sur Amazon Prime Video. C'est le genre de match où tu te dis : "Ce que je vois n'est pas possible, ce n'est pas vrai. Nous ne pouvions même pas traverser la moitié du terrain...", s'est souvenu le "Cholo".
"Pep" et "El Cholo", pas si différents que ça
Même si, sur le papier, l'Atlético n'était pas le pire des adversaires pour les Sky Blues, le tirage au sort des quarts de finale de la C1 a été accueilli avec crainte par City. "Ils sont ce qu'ils sont, mais ils parviennent à t'empêcher d'être ce que tu veux être. C'est la plus grande qualité de l'Atlético", avait résumé Guardiola. Il a également souligné que l'avantage de jouer à domicile au match retour rendait la tâche plus difficile et a mis en avant les quelques points communs avec Simeone.
"S'il aime ne pas encaisser de buts, j'aime cela encore plus que lui. S'il aime gagner des matches, je l'aime encore plus que lui. S'il aime les contre-attaques, je suis exactement comme lui", a-t-il déclaré. De son côté, l'Argentin avait exprimé sa grande admiration pour Guardiola, même si ce dernier avait raconté en 2018 sur Movistar que Simeone, venu en Europe bien avant son mandat pour observer ses méthodes, lui avait fait comprendre très ouvertement que ce n'était pas du tout sa façon de voir les choses. Et Guardiola connaît trop bien le football pour ne pas savoir que les jugements esthétiques ou moraux n'y ont pas leur place : "S'ils gagnent demain, ils auront eu raison, et si nous gagnons, nous aurons eu raison".