"C'est incroyable de voir à quelle vitesse il s'est intégré, à quelle vitesse il a convaincu l'équipe de sa philosophie", a déclaré Oliver Kahn, le patron du Bayern, qui ne tarit pas d'éloges sur son jeune entraîneur (34 ans), arrivé en Bavière en août. Le technicien prodige, passé par Hoffenheim et Leipzig, vivra mercredi soir son premier match européen à élimination directe sur le banc du Bayern. En 2020, il avait conduit Leipzig en demi-finale de la Ligue des champions (défaite 3-0 contre le Paris SG). À l'époque, c'était une grande performance pour lui. A Munich, il le sait, ses dirigeants le jugeront sur sa capacité à remporter la compétition reine.
Pour l'instant, il est admiré de tous. Même le redoutable Uli Hoeness, qui est toujours président d'honneur du club, ne tarit pas d'éloges à son égard : "On a presque l'impression qu'il est chez nous depuis dix ans. Il a fait progresser de nombreux joueurs", s'enthousiasme-t-il. La succession de Hansi Flick semblait pourtant être un défi insurmontable. L'actuel sélectionneur allemand a écrit l'une des plus belles pages de la légende du Bayern. Sept trophées en dix-huit mois, dont la sixième Ligue des champions du club, joyau d'un sextuor historique en 2020 composé du championnat, de la Coupe d'Allemagne, de la Supercoupe d'Allemagne, de la Supercoupe de l'UEFA et de la Coupe du monde des clubs.
Trous d'air
Sept mois seulement après son entrée en fonction, l'autorité de Nagelsmann n'est plus remise en question par personne. Les joueurs s'extasient dans les interviews sur le fait de travailler sous ses ordres et pratiquent un football spectaculaire avec une moyenne de 3,3 buts par match jusqu'à présent dans la saison. Le seul motif d'inquiétude réside dans quelques trous d'air inexplicables en cours de saison, comme l'élimination 5-0 en Coupe d'Allemagne contre Mönchengladbach et les quatre défaites en Bundesliga, toutes contre des équipes qui se trouvent actuellement dans la deuxième moitié du classement !
Samedi, justement, l'équipe s'était mal préparée au voyage à Salzbourg, en prenant une gifle retentissante 4-2 chez le promu Bochum, après avoir encaissé quatre buts en première mi-temps. Nagelsmann n'a pas cherché à se cacher : "Nous avions un plan qui n'a pas fonctionné", a-t-il admis, "j'aurais dû réagir et changer plus rapidement". Cette lucidité, qui repose sur une énorme confiance en soi, est également une qualité appréciée par ses dirigeants et ses joueurs. Pour montrer que le cœur du FC Bayern bat depuis toujours dans sa poitrine, il assure que le sentiment qui l'envahit après une défaite est "la honte".
Tombé dans la marmite
Jeune mais pas naïf, le bavarois pur-sang ne s'embarrasse pas de compliments et sait parfaitement à quelle vitesse le vent peut tourner, surtout à Munich. "En tant qu'entraîneur au FC Bayern, vous devez toujours gagner, à chaque match, et vous devez gagner des titres", a-t-il déclaré dans le magazine du club, ajoutant : "J'aime ce sentiment de pression positive. J'aime entraîner des matchs sous pression". Né dans la petite localité de Landsberg-am-Lech, à seulement 45 km de l'Allianz Arena, Nagelsmann est tombé dans la marmite bavaroise dès son plus jeune âge. Sa mère raconte qu'enfant, il dormait dans des draps aux couleurs du grand club.
Et lorsque, très jeune, il s'est lancé dans une carrière d'entraîneur après avoir dû renoncer à son destin de joueur à cause d'une grave blessure, il avoue qu'il a toujours eu en tête de devenir un jour l'entraîneur du "Rekordmeister". Fanatique de tactique, travailleur infatigable, il est obsédé par sa tâche... 24 heures sur 24 : "Parfois, après un match, je crie le nom de mes joueurs dans mon sommeil", a-t-il récemment avoué. "C'est ma femme qui m'en a parlé. Il m'est déjà arrivé de la réveiller ainsi au milieu de la nuit".
Le Bayern défait à Bochum :