Ce nouvel épisode des règlements de comptes internes au Barça intervient alors que le club, qui a dû laisser partir Lionel Messi au PSG l'été dernier parce qu'il n'avait plus les moyens de payer le salaire de son joueur vedette, tente tant bien que mal de redorer son blason, entaché par une série de mauvaises décisions prises par l'ancienne direction en matière de recrutement. Ainsi, les Blaugrana ont dépensé 120 millions d'euros pour faire venir l'international français Antoine Griezman de l'Atlético Madrid, qui est revenu deux ans plus tard en prêt gratuit à l'Atlético Madrid. Les recrutements coûteux d'un autre international français, Ousmane Dembélé, et du Brésilien Philippe Coutinho se sont également révélés être un fiasco, tant sur le plan sportif que financier.
"Il ne s'agit pas de dire que la gestion de l'équipe précédente est meilleure ou pire", a toutefois assuré l'avocat du club catalan, Jaume Campaner, en présentant lors d'une conférence de presse les résultats d'un audit financier commandé par la nouvelle équipe dirigeante du Barça. "Il s'agit de signaler à l'autorité compétente (...) une série d'actes criminels graves", a poursuivi l'avocat, assurant qu'il n'avait "aucun doute" sur le fait que les faits révélés par l'expertise relevaient du "droit pénal".
"Paiements disproportionnés"
L'expertise, réalisée par le cabinet Kroll, avait été demandée à l'automne par le président Joan Laporta, qui prendra ses fonctions de président du FC Barcelone en mars 2021. L'objectif était de faire la lumière sur d'éventuelles irrégularités comptables commises à l'époque de son prédécesseur Josep Maria Bartomeu, dont les mauvaises relations avec Messi avaient précipité le départ. Les faits mis en lumière par l'audit sont "indéniables", a souligné Laporta, évoquant des "paiements sans but", des "paiements avec un but erroné" et des "paiements disproportionnés". "Les personnes" à l'origine de ces agissements "devront en rendre compte", a-t-il souligné.
Les conclusions du rapport ont conduit le club blaugrana à déposer une plainte contre ses anciens dirigeants mercredi, à la suite de quoi le parquet de Barcelone a ouvert une enquête préliminaire. "Ce que nous ne voulions pas, c'était être complices" des faits révélés par l'audit financier, a justifié Joan Laporta, assurant que l'ancienne équipe dirigeante avait laissé le Barça dans une "situation ruineuse".
"Il y avait un modus operandi qui empêchait les contrôles internes de certaines transactions", a-t-il poursuivi, assurant que l'ancienne direction avait l'habitude de "diviser" certaines factures pour qu'elles passent sous le radar. Depuis l'automne, la nouvelle direction du club a régulièrement critiqué la gestion de Josep Maria Bartomeu, qui avait démissionné sous pression en octobre 2020 après six ans à la tête des Blaugranas. Lorsque le nouveau directeur général des Blaugranas, Ferran Reverter, a présenté un premier audit interne en octobre, il l'a accusé d'avoir laissé le FC Barcelone "dans une situation de faillite comptable", évoquant une dette de 1,35 milliard d'euros, des problèmes de liquidités et une énorme masse salariale. Josep Maria Bartomeu avait attribué les lourdes pertes du club à la crise de Covid 19.
Une masse salariale en baisse
Le FC Barcelone, qui a terminé la saison 2020/21 avec une perte nette de 481 millions d'euros, est en proie à de graves problèmes financiers. A tel point que plusieurs de ses principaux joueurs, dont les internationaux espagnols Gerard Piqué et Sergio Busquets ou le champion du monde français Samuel Umtiti, ont dû accepter une réduction de leurs salaires pour aider le Barça à réduire sa masse salariale afin de pouvoir à nouveau recruter de nouveaux joueurs. Depuis l'arrivée de Laporta, qui a déjà dirigé le club de 2003 à 2010, la masse salariale du Barça a été réduite à 155 millions d'euros, alors qu'elle devait encore s'élever à 759 millions d'euros en mars 2021.