Le parquet de Barcelone a alors ouvert une enquête préliminaire, comme il l'a confirmé vendredi.
L'actuel président Joan Laporta a présenté le rapport à la presse mardi, près de quatre mois après la publication en octobre d'un premier audit qui avait révélé l'ampleur des problèmes financiers du club catalan, plombé par une dette de plus d'un milliard d'euros. La nouvelle direction du club, qui a pris les rênes du Barça en mars, cloue régulièrement au pilori la gestion de l'ex-président Josep Maria Bartomeu, très critiqué, qui a finalement démissionné sous la pression en octobre 2020.
Selon le nouveau directeur général du club, Ferran Reverter, le Barça était en "faillite comptable", avec une dette de 1,35 milliard d'euros, des problèmes de liquidités et une énorme masse salariale, lorsque Laporta, élu par les "socios" (supporters-actionnaires) du club, a succédé à Bartomeu. "Si le club avait été une SAD (société anonyme sportive), cela aurait été un motif de dissolution", a souligné Reverter lorsqu'il a présenté en octobre les résultats de l'audit financier réalisé par le cabinet Deloitte, qui s'est penché sur la gestion du club depuis la saison 2018-2019.
"Gestion nuisible"
À l'époque, le directeur général du Barça avait annoncé une nouvelle "expertise" qui devrait "aller encore plus loin". Celle-ci doit être présentée mardi. Il s'agit "essentiellement de rechercher d'éventuelles irrégularités" et, en cas de "découverte" d'éléments allant dans ce sens, de les "transmettre au service juridique pour qu'il prenne les mesures appropriées afin d'établir les responsabilités", avait-il expliqué. La nouvelle expertise porte principalement sur la rénovation du Camp Nou et de ses environs, mais aussi sur des paiements à des fournisseurs ou à des intermédiaires. Ferran Reverter avait déjà évoqué en octobre une "gestion délétère", estimant que les anciens dirigeants du FC Barcelone avaient "acheté des joueurs en se coupant de la réalité".
"Pas d'argent" pour payer Griezmann
"Personne n'a réfléchi à la question de savoir si nous pouvions les payer. La nuit où nous avons signé (Antoine) Griezmann, ils se sont aperçus qu'il n'y avait pas d'argent pour le faire signer et ils ont dû demander de l'argent à un autre fonds", a-t-il dit à propos de l'engagement scellé en 2019 en échange de 120 millions d'euros à l'Atlético Madrid. L'international français est depuis retourné à l'Atlético. Le directeur général du Barça avait également pointé du doigt les commissions particulièrement élevées et inhabituelles pour les intermédiaires lors des transferts de joueurs, "entre 20 et 30 %, alors qu'elles sont normalement de 5 %". Ces critiques ont été rejetées par Josep Maria Bartomeu, qui a ensuite défendu son travail et attribué les pertes du club à la crise de Covid 19. "Notre direction a été très sérieuse et responsable", a déclaré celui qui a été président du Barça de 2014 à 2020 au journal Mundo Deportivo.
Le Barça, qui a clôturé la saison 2020-2021 avec une perte nette de 481 millions d'euros, est en proie à de graves problèmes financiers. Il espère toutefois pouvoir terminer l'exercice 2021-2022 avec un petit bénéfice de cinq millions d'euros.
Depuis l'arrivée de Joan Laporta, qui avait déjà dirigé le club de 2003 à 2010, la masse salariale du Barça a été réduite à 155 millions d'euros, alors qu'elle devait encore s'élever à 759 millions d'euros en mars 2021. Josep Maria Bartomeu a été entendu par la justice en mars dans une autre affaire, le "Barçagate", une campagne de diffamation présumée sur les réseaux sociaux visant plusieurs figures du club qui critiquaient sa gestion, comme Lionel Messi, le défenseur Gerard Piqué et l'ancien entraîneur Pep Guardiola. L'enquête sur cette affaire est toujours en cours.