Après une préparation chamboulée par le Covid, les blessures de Luka Karabatic, Nedim Remili et Timothey N'Guessan, et la défaite en match amical contre l'Allemagne, l'équipe de France aborde les matchs avec moins de certitudes que ce que l'on pourrait attendre d'un champion olympique. Nikola Karabatic, cependant, est là. Alors que les légendes Luc Abalo et Michaël Guigou ont pris leur retraite internationale après avoir décroché l'or à Tokyo en août dernier, le demi de mêlée et arrière gauche de 37 ans aux 325 sélections fera office de "dernier des Mohicans", avec l'auréole de l'expert qui a tout gagné (plusieurs fois) depuis près de 20 ans, mais qui n'est toujours pas rassasié.
"Pour moi, ce n'était pas le bon moment pour arrêter. J'avais envie de prolonger le plaisir", a souligné Nikola Karabatic mardi lors d'une conférence de presse. Un plaisir à prolonger également pour son entraîneur Guillaume Gille, pour qui il est certain que "son aura guide l'activité du groupe sur le terrain". Avec trois médailles d'or olympiques, quatre titres de champion du monde et trois titres de champion d'Europe, le Parisien aborde ce championnat d'Europe avec "forcément moins de pression que lors de ma première compétition (au Mondial 2003, France 3e, ndlr)". En cas de sacre continental, il pourrait continuer à écrire l'histoire.
Tout d'abord, il pourrait devenir le handballeur français le plus titré, une position qu'il partage actuellement avec Thierry Omeyer et Michaël Guigou (9 titres). Il peut également devenir le premier Français à remporter quatre championnats d'Europe (après 2006, 2010 et 2014) et entrer ainsi dans un cercle exclusif aux côtés d'Ola Lindgren, Staffan Olsson, Stefan Lövgren, Magnus Wislander et Martin Frandesjö de la grande équipe suédoise qui a dominé le handball mondial dans les années 1990 et au début des années 2000 (six finales de championnats du monde consécutives, dont deux titres, trois finales olympiques perdues et quatre titres continentaux).
Un tout jeune capitaine
Dimanche, lors de l'unique match de préparation à l'Euro-2022 contre l'Allemagne, il a été nommé capitaine pour la première fois, en l'absence de Valentin Porte, contrôlé positif au Covid-19 jeudi dernier et qui n'a pas pu faire le voyage à Wetzlar le week-end dernier. "Niko n'a pas besoin de reconnaissance, c'est le meilleur de tous les temps, mais c'est très représentatif de son histoire", a commenté le gardien Vincent Gérard.
"C'est agréable d'être confronté à des situations que l'on n'a pas vécues soi-même. Même si ce n'est qu'une fois, je resterai l'un des capitaines de l'équipe de France", s'est réjoui de son côté le principal intéressé. Même si Porte, deuxième joueur le plus âgé du groupe avec 153 sélections derrière lui, prendra le capitanat à son retour (il était négatif mardi, mais devra présenter un deuxième test négatif plus de 24 heures plus tard pour pouvoir disputer un match), il ne fait aucun doute que Karabatic conservera son statut de leader pour diriger les Bleus moins expérimentés.
Aux Jeux olympiques de 2024 ?
"Les joueurs sont beaucoup plus jeunes que moi, donc j'ai le rôle de grand frère. Je peux les embêter un peu, je sais qu'ils ne diront rien", sourit celui qui a été élu meilleur joueur de l'Euro lors du dernier sacre tricolore en 2014 et qui est le deuxième meilleur buteur. Une performance collective réussie quelques mois après Tokyo pourrait l'inciter à viser une sixième participation aux Jeux olympiques de Paris en 2024, même s'il s'est montré prudent en septembre auprès de l'AFP. "Pour l'instant, ce n'est pas pertinent pour moi. Trois ans, c'est tellement long. Je vais faire comme je fais toujours : je me fixe des défis pour la saison". Le premier d'entre eux est prévu pour 2022.