Entre le Real historique et le trublion du PSG, perçu dans la vieille Europe comme un nouveau riche illégitime, les divergences dépassent le cadre sportif. En Espagne, le tollé provoqué par le transfert de Neymar à Paris en 2017, largement relayé et amplifié par le patron de la Ligue de football d'outre-Pyrénées, Javier Tebas, a laissé une trace indélébile. Avec une rancœur tenace, joyeusement ravivée lors de la dernière intersaison et l'arrivée de Lionel Messi dans la capitale française.
Tout cela concerne bien sûr davantage le Barça que la Maison Blanche. Mais malgré leur rivalité légendaire, les deux géants ibériques se rejoignent sur de nombreux points lorsqu'il s'agit de défendre leurs intérêts communs. Le Real Madrid et le FC Barcelone sont les fers de lance de la fameuse Superliga et représentent encore aujourd'hui les plus grandes menaces pour la cohésion continentale made by UEFA. Nasser Al-Khelaïfi, qui en plus de sa fonction de président du PSG, défend les intérêts de l'ECA, l'association des clubs de football européens, défend cette cohérence bec et ongles.
Mbappé, l'incarnation d'une lutte de pouvoir
Aux yeux de Florentino Perez, le patron des Merengue, cette percée du souverain qatari dans les hautes sphères du football continental n'est certainement pas anodine. Certains en Espagne affirment qu'un certain copinage s'est installé entre Aleksander Ceferin, le patron de l'UEFA, et l'ambitieux PSG, qui soutenait à l'origine le projet d'une superligue pour les puissants. Tout est bon pour déstabiliser l'adversaire, et dans ce milieu, tous les coups tordus sont permis. C'est d'autant plus vrai lorsque le sport et la politique s'affrontent et qu'une histoire de transfert dégénère en guerre froide entre deux clubs.
Cela fait maintenant deux ans que le Real Madrid tente de débaucher Kylian Mbappé. Cela n'apaise pas vraiment les tensions entre les deux grandes puissances. Certaines des offres faites par Madrid l'été dernier pour le prodige de Bondy (jusqu'à 200 millions d'euros pour racheter un contrat d'un an) sont restées sans réponse, si bien que les échanges entre les présidents se sont nettement refroidis depuis. Le PSG, et notamment Leonardo, a publiquement regretté l'entêtement des Madrilènes dans le cas du triple buteur.
"C'est un manque de respect que nous ne pouvons pas tolérer. [...] Le Real Madrid ne peut pas continuer à se comporter de cette manière. Cela doit cesser", déclarait le directeur sportif brésilien en octobre dans les pages du quotidien sportif français L'Equipe. Quatre mois plus tard, rien n'a changé dans l'avenir incertain de l'ancien Monégasque. Et les cœurs - contrairement aux esprits - ne se sont pas non plus réchauffés dans la relation à nouveau tumultueuse entre les Parisiens et les Madrilènes.