Jonathan Clauss, chœurs par-dessus les tuyaux

Jonathan Clauss, chœurs par-dessus les tuyaux

Un stade, deux ambiances : Jonathan Clauss a fêté mardi, à 29 ans, sa première apparition sous le maillot de l'équipe nationale contre l'Afrique du Sud (5-0).

Les Sang et Or ont vécu une drôle de soirée au stade Pierre-Mauroy, l'antre habituel du rival régional, le LOSC, où les huées d'une partie du public local ont été contrebalancées par un soutien évident parmi les 48.000 spectateurs. A la 88e minute, son remplacement a été accompagné d'un tonnerre d'applaudissements, un couronnement. Le défenseur né à Strasbourg se souviendra en tout cas longtemps de ce match amical contre la 68e nation du monde, qui a débuté par une vibrante Marseillaise entre l'expérimenté Adrien Rabiot et le néophyte de 21 ans William Saliba, un autre Bleu qui était titulaire pour la première fois.

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Le parcours aussi beau que tortueux de Clauss rendait le tableau encore plus saisissant. Clauss a mis plus de temps que d'autres joueurs à s'extirper du monde amateur. Il a joué à Raon-L'Etape et Avranches avant de percer au plus haut niveau à l'aube de la trentaine. Il n'a découvert l'élite que lorsqu'il a rejoint Lens à l'été 2020, après Quevilly-Rouen (L2) et Bielefeld (D2 allemande).

Depuis son arrivée à Clairefontaine il y a huit jours, Clauss vit un rêve éveillé aux côtés de Kylian Mbappé, Paul Pogba et Antoine Griezmann, qu'il n'avait vus qu'à la télévision et pas en vrai.

"Moins nerveux et moins stressé"

Après une semaine d'intégration, "je suis beaucoup plus libéré, beaucoup moins nerveux et moins stressé. Mais je suis toujours en train d'apprendre la vie de groupe et le football. Je supporte bien toutes les nouveautés, je trouve", a-t-il déclaré dimanche à la presse. Didier Deschamps l'avait fait entrer en jeu à la fin du match contre la Côte d'Ivoire vendredi à Marseille, quatre jours avant de l'aligner d'entrée contre les "Bafana Bafana".

Son portrait a été recouvert d'inscriptions anti-Lensoises devant le stade de Lille, son nom a été sifflé par une partie du public lors de l'annonce de la composition de l'équipe, mais ses supporters ont rapidement remporté le match depuis les tribunes avec des cris d'encouragement mêlés d'applaudissements. Bien que ses passes aient parfois été un peu bâclées, il a joué comme d'habitude sur l'aile droite en courant beaucoup et a profité du peu d'opposition pour se montrer en ligne d'attaque.

Sa reprise de volée sur un dégagement adverse à la 37e minute a même déclenché des chants reprenant son nom, sur l'air entonné il y a dix jours dans son stade Bollaert lors de la victoire contre Clermont pour fêter sa première titularisation. Le joueur lensois était au départ de l'ouverture du score de Mbappé (23e), en décalant le passeur décisif Griezmann le long de la ligne de touche. Il a lui-même tenté de marquer d'un tir lourd (50e), juste avant de faire une passe qui aurait pu être décisive pour Olivier Giroud (54e).

"L'histoire est belle parce que ce n'est pas un parcours habituel", mais "ce n'est pas la fête à Jonathan, ce n'est pas son jubilé, il ne faut pas qu'il considère ça comme une fin en soi", avait prévenu Deschamps au début du stage. Clauss a compris la leçon et l'a prouvé dans ce contexte particulier.