Après la victoire en quart de finale dimanche contre la Guinée équatoriale (3-1), le défenseur Abdou Diallo a crié dans les vestiaires : "Ne vous laissez pas berner ! "On est en demi-finale, on est content aujourd'hui, on profite aujourd'hui, dès demain ça recommence, on a un jour de moins qu'eux", a prévenu le défenseur central du Paris SG dans une séquence largement relayée sur les réseaux sociaux. Au début de son discours dans les vestiaires, Abdou Diallo rappelle le contexte, l'étiquette de favori visible comme sur un tee-shirt d'une marque italienne avec laquelle voyageaient les "Lions de la Teranga", puis la désillusion après un 1-0 et deux 0-0 en matches de poule. "Personne ne nous considère comme favoris parce que nous jouons soi-disant mal, mais aujourd'hui, tout le monde va dire : +Nous avons gagné, nous sommes favoris+", a ajouté le défenseur. Le Sénégal, finaliste du dernier tournoi, champion du monde 2018 et plus armé que jamais avec une star par ligne - Sadio Mané, Idrissa Gueye, Kalidou Koulibaly et Édouard Mendy - s'est présenté au Cameroun comme un prétendant ambitieux.
"Une course de fond"
Mais après un premier tour marqué par un seul but, un penalty à la dernière seconde - de Mané - contre le Zimbabwe, l'étiquette s'est froissée. "Les grandes équipes seront toujours critiquées, c'est normal, les attentes sont énormes", a expliqué à l'AFP l'ex-star sénégalaise El-Hadji Diouf. "Mais je le répète : la CAN n'est pas une course de vitesse, c'est une course de fond". En huitièmes de finale contre le Cap-Vert (2-0), les Lions ont joué à onze contre neuf avant de livrer l'un des meilleurs matchs du tournoi contre la séduisante Guinée équatoriale. Le Sénégal "est une équipe en pleine ascension, nous avons un énorme potentiel si nous jouons notre jeu", a souligné Diouf, finaliste malheureux en 2002 contre le Cameroun (0-0, 3-2 t.a.b.). En 2022, la finale pourrait être atteinte si les "Lions indomptables" affrontent l'Egypte dans l'autre demi-finale, jeudi.
Nous savons que nous pouvons faire mieux", admet le capitaine Koulibaly, "nous savons que nous sommes sur la bonne voie. Nous savons que nous pouvons encore mieux tenir le ballon, mais nous ne devons pas faire la fine bouche, nous sommes qualifiés pour les demi-finales". Le Napolitain admet "qu'après le premier et le deuxième match, voire les matches de groupe, personne ne nous voyait là", mais que son équipe était programmée pour le septième match, la finale, et pas seulement pour les trois premiers. "Il n'y a plus de favori aujourd'hui, quand on arrive en demi-finale, il suffit de gagner", se souvient-il.
"On ne s'emballe pas"
L'entraîneur Aliou Cissé souhaite également refroidir un éventuel excès de confiance. "Nous savons que tout n'a pas été parfait", a-t-il déclaré face au "Nzalang" (foudre) guinéen. "Nous avons eu un début de +préparation+ très difficile, les gens ont dit que nous cherchions des excuses, mais quand dix joueurs sont absents (blessures et Covid, ndlr), c'est normal que le départ soit cahoteux", a rappelé Cissé. "On a gardé la foi, on a toujours cru en nous et on a travaillé malgré les critiques, aujourd'hui tout le monde est d'accord pour dire que le Sénégal est de plus en plus fort, mais l'équilibre est fragile", souligne l'entraîneur. Au moins, depuis mars 2015, date de sa prise de fonction, ses lions ont la peau tannée.
"Au cours des six dernières années, nous avons parcouru le continent et joué à tous les types de football. Certains d'entre nous jouent leur quatrième CAN, je les ai aussi joués sur le terrain : C'est de l'expérience", assure Aliou Cissé. "Dans les moments difficiles, nous sommes restés sereins et avons continué à avancer ensemble", poursuit-il. Nous sommes le Sénégal", a déclaré Sadio Mané, "et nous sommes capables de battre n'importe quelle équipe.