"Humainement et sportivement, je suis devenu un autre homme, j'ai pris une autre dimension, aujourd'hui je suis capitaine de Rennes, capitaine du Mali, j'ai gagné des titres, j'ai joué la Ligue des champions", explique-t-il à l'AFP en évoquant ses souvenirs de jeunesse. Arrière droit technique et infatigable, Hamari Traoré a fait un long chemin depuis Niamakoro Cité Unicef, le quartier de son enfance à Bamako, le même que celui de son coéquipier Moussa Djenepo. "Je suis entré à l'académie Jean-Marc Guillou de Bamako à l'âge de 13 ans", rembobine le capitaine malien. Il a joué pour les fameux jaune et noir du Réal de Bamako, le club associé à l'académie JMG, mais aussi pour le club de la légende Salif Keita, puis "à 19 ans et demi, j'ai rejoint le Paris FC".
"Partir loin de mes parents et de ma famille, me débrouiller seul, je n'avais joué que dans le championnat malien, le changement n'a pas été facile", raconte-t-il. "En plus, moi qui ne me suis jamais blessé, j'ai été touché à la cheville, aux ischios, aux adducteurs, etc.", énumère Traoré.
"On sentait qu'il voulait venir" -.
Pierre Ferracci, le président du PFC, s'en souvient encore très bien. "On venait de lancer un partenariat avec les académies de Jean-Marc Guillou, on avait fait venir trois Algériens et trois Maliens, Hamari est le seul qu'on a gardé", explique-t-il à l'AFP. "Il avait déjà beaucoup de talent, mais en plus, on sentait qu'il voulait arriver, il montrait beaucoup d'envie. Il s'est accroché", poursuit le manager. "Guillou avait aussi un partenariat avec le Lierse, il l'a envoyé là-bas, j'aurais aimé le garder", explique-t-il. Ferracci se souvient d'un joueur "intraitable dans son couloir droit, marqué par l'école Guillou, c'est un latéral très offensif".
"Il est très attaché à ses racines, c'est bien qu'il soit capitaine", a ajouté le président parisien, qui n'en revient pas que Hamari ait déjà 30 ans le 27 janvier, au lendemain des huitièmes de finale. Traoré partira alors pour le Lierse SK, un club belge également partenaire des académies JMG. "J'ai grandi là-bas", assure le joueur. "Lierse m'a formé, c'est là que je suis devenu le joueur que je suis aujourd'hui". C'est en Belgique que le sélectionneur malien Alain Giresse (2015-2017) l'a découvert et l'a appelé dès son arrivée à Reims, "une grande fierté" pour Traoré.
"L'équipe a grandi"
"Hamari s'est imposé", a assuré "Gigi" à l'AFP, louant "son état d'esprit, sa détermination". "C'est un très bon contre-attaquant, mais on peut aussi jouer à quatre avec lui" et pas seulement dans une défense à trois avec un rôle de piston dans son couloir, explique-t-il.
C'est aussi un coéquipier exemplaire. "Je l'ai fait jouer à gauche lors de la CAN-2017, il m'a rendu service, il l'a accepté", souligne Giresse.
La CAN, justement, n'a jamais vraiment souri à Traoré. "Celle de 2017 a été une déception (élimination au premier tour, ndlr)", reconnaît-il. "La deuxième (2019), c'était la nouvelle génération, la plupart des joueurs découvraient le tournoi", qui s'est arrêté en huitièmes de finale. "Mais depuis, l'équipe a grandi". Lui-même a également grandi. Arrivé à Reims en 2015, il a crevé l'écran lors d'une victoire contre l'Olympique de Marseille (1-0), juste après la dramatique démission de Marcelo Bielsa.
Il a marqué un "super but, une demi-volée, pour ma première à Delaune, j'ai fait un bon match et une très bonne saison".
Le président Jean-Pierre Caillot lui a demandé de rester une saison de plus, même en L2, mais lui a promis de "lui donner un bon de sortie. Il a été très honnête avec moi et a tenu parole", admet Traoré, qui part en Bretagne, où il est devenu un élément incontournable.
"C'est ma cinquième année au Stade Rennais et c'est la première fois que je reste aussi longtemps dans un club. Il me reste un an de contrat, tous les joueurs rêvent d'aller dans les grands championnats, mais on verra bien. Et puis il faut le mériter", constate-t-il. Et briller à la CAN.
Le Mali affronte la Guinée équatoriale :